Toutes les politiques sectorielles peuvent connaître des difficultés de tous ordres dans leur application. La reforme malienne de l’Etat et de Décentralisation a connu les siennes.
Ces difficultés ont été accentuées par une malgouvernance de la sécurité et du développement local et une crise identitaire religieuse tendant vers la radicalisation de nos pratiques de l’Islam.
Mais, jamais l’on ne saurait fonder les échecs sur l’exclusion ou la marginalisation d’une quelconque partie du territoire national, ni sur une discrimination négative de telle ou telle communauté nationale.
C’est aussi ça le Mali !
Chers compatriotes,
Ensemble, nous pouvons encore, en toute sérénité évaluer nos politiques et reformes, et sans complaisance corriger nos erreurs ou nos maladresses, en tenant surtout compte des cinq réalités suivantes :
1. L’étendue des territoires du Nord du Mali et la mobilité des populations exigent une gouvernance particulière et des moyens importants dédiés à la gouvernance de la sécurité ;
2. Le nouveau code de la famille fait assez de place à la culture des populations locales.
Les Imams, les Qadi et les Uléma sont parties intégrantes du paysage politique et social du Mali. Nous ne devons pas avoir peur ou honte d’être des musulmans qui vivent pacifiquement en République et en Démocratie, à côté de chrétiens et d’animistes. Ce que nous devons à tout prix éviter, c’est la radicalisation de nos pratiques cultuelles ou rituelles.
3. Les collectivités, dans une grande partie du Nord du Mali, sont davantage humaines que territoriales et les fondements de la culture locale doivent être préservés dans la mesure où ils ne portent pas préjudice à l’Unité nationale et à l’intégrité territoriale du Mali ;
4. La reforme de décentralisation demeure la seule voie de sortie de l’impasse dans laquelle certains se sont fourvoyés et enlisé toute la Nation. Il faut des collectivités territoriales et des compétences réelles , transférées avec les moyens nécessaires à leur exercice, et des services déconcentrés de l’Etat pour apporter une réponse pérenne en matière d’encadrement et d’appui – conseil.
5. Il nous faut bâtir un autre Etat. Responsable. Présent, mais pas étouffant.
Depuis des décennies, le Gouvernement de la République du Mali fonde sa stratégie de développement sur la réduction de la pauvreté. L’économie de notre pays est très vulnérable aux chocs exogènes, qu’ils soient climatiques, économiques, politiques ou humanitaires.
Malgré cette précarité, la solidarité a toujours été un élément fondamental dans la distribution des richesses nationales.
Tous les maliens sont pauvres. Certains le sont plus que d’autres.
Les régions du Nord du Mali sont plus vulnérables que les autres.
Leur retard, en matière de développement économique et social, est réel.
Mais, ce retard ne justifie
Ni les moyens utilisés pour revendiquer un mieux-être pour les populations, sans les consulter,
Ni les pertes humaines occasionnées,
Ni la haine que l’on a semée,
Ni les humiliations distribuées,
Ni l’exil forcé infligé aux populations,
Ni les désertions par crainte de représailles,
Ni la compromission d’une unité nationale en construction depuis des siècles.
Parce que des efforts louables sont faits depuis des décennies pour combler ce retard et pour assurer la représentativité des régions du Nord sur l’échiquier national, à tous les niveaux. Parce que des institutions nationales et républicaines étaient en construction, l’Armée nationale en premier.
Aujourd’hui, il est plus que temps de tourner la page
Des guerres et razzia entre les confédérations humaines du Sahara et du Sahel ;
Des guerres entre les royaumes et divers empires de la zone soudanienne ;
De l’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS),
De la rébellion de 1963,
De la rébellion de 1990 et celle du 23 mai 2006.
Si elles nous permettent de justifier une ascendance guerrière productrice momentanée d’adrénaline, elles doivent rester ludiques et leur souvenir récréatif pour permettre aux inspirés de chanter les louanges de leurs ancêtres qui aujourd’hui ne dorment pas dans leur tombe … ou dans leur fosse commune, car ils ont parfois été massacré les armes à la main.
Parce que chaque mort, dans ce conflit fratricide, est une perte pour le Mali.
Notre Nation, la nation malienne est un héritage multiséculaire commun et cumulé.
Il a été bâti sur des sacrifices ultimes de tous les enfants du Mali.
Du Nord comme du Sud.
Il nous appartient de sauvegarder l’unité et la cohésion de ce patrimoine commun.
Quelle que soit la gravité des actes posés par des individus, ce ne sont ni l’amalgame, ni la stigmatisation qui nous aideront à sauver notre héritage commun.
Je suis conscient de nos immenses capacités nationales à transcender les difficultés du moment, au nom du Mali, au nom dela Nation malienne, au nom dela République du Mali, au nom dela Démocratie malienne que nous avons tous malmenée par notre silence ou notre apathie.
Je suis persuadé que les immenses ressources internes que constituent les anciens chefs d’Etat ou de gouvernement, les partis politiques, la société civile, les leaders d’opinion, sont encore capables de relever ce défi majeur, pour obtenir un consensus national sur tout ce qui peut unir les Maliens pour qu’ensemble et solidairement, ils œuvrent au rétablissement d’un climat propice au nécessaire dialogue qui mettra fin aux hostilités et aux horreurs actuelles.
Le Mali ne se reconstruira que par ses enfants. En tous les cas, pas par les canons et autres engins de la mort, même portés parla CEDEAO, l’Union africaine ou les Nations unies.
Je demeure convaincu que les aspects les plus saillants de la menace sur l’unité nationale du Mali demeurent transnationaux.
Face à ces menaces transnationales, l’implication, en premier lieu, des autres pays du champ (Algérie, Niger, Mauritanie, Burkina Faso) avec qui nous avons déjà des programmes communs d’action, pour circonscrire la crise dans son niveau actuel, me semble indispensable.
Tout comme l’assistance indispensable de la communauté internationale, surtout celle de l’Union européenne à laquelle le Mali est lié dans la mise en œuvre dela Stratégie SécuritéSahel, afin que la triptyque Paix, Sécurité et Développement soit consolidée.
VIVE LE MALI,
VIVE LA REPUBLIQUE,
VIVELA PAIX.