Le décès de l’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, non moins leader du parti ASMA-CFP, le lundi dernier, est une inestimable perte pour la nation malienne, mais aussi et surtout un… « abandon (de course) en plein vol » d’un prétendant au fauteuil présidentiel.
Il s’en est allé, les armes à la main ! L’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, c’est de lui qu’il s’agit, a lutté contre la méchante maladie qui a fini par avoir raison de lui ; alors que les membres de sa famille et des spécialistes en médecine suppliaient de le sauver par une évacuation dans une structure hospitalière mieux équipée. Alea jacta est ! (« le sort en est jeté »). Le destin, pourrait-on dire, a en décidé autrement ? Condoléances, compassions et repos éternel !
Le leader du parti ASMA-CFP, qui ne cachait pas son ambition de briguer la magistrature suprême devant marquer la fin de la transition en cours, était en détention depuis août 2021, et n’a pu bénéficier de la compassion pour aller recevoir des soins. Avant l’évolution de la poursuite judiciaire le concernant, qui est désormais close. Quel gâchis ! Il est donc arraché à l’affection de sa famille, des peuples malien, africain et du monde laissant planer derrière un goût d’inachevé.
« Illustre disparu » dans quelles circonstances ?
« Le gouvernement de la République du Mali et le peuple malien saluent la mémoire du grand serviteur de l’Etat, son engagement pour l’avènement de la démocratie », lit-on dans le communiqué publié par les plus hautes autorités. Non sans exprimer auparavant leur compassion. « En cette circonstance douloureuse, le gouvernement de la République du Mali présente à la famille de l’illustre disparu et à l’ensemble de sa famille politique ses sincères condoléances. » Et ces soutiens et mots de consolation se sont multipliés tant au plan national qu’hors des frontières maliennes où, l’ancien ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, l’ancien ministre de la Défense, l’ancien patron des services de renseignements du Mali jouissait d’estime et déférence.
Des amis du microcosme politique national, africain et international, ont exprimé leur solidarité à la famille éplorée et rendu un hommage mérité à celui qui pouvait un rôle majeur lors de la prochaine élection présidentielle. Et, dans son tweet à lui prêté, le président nigérien a même pu qualifier cette disparition « d’assassinat » semblable à celui du président Modibo Kéita. Une comparaison osée devant susciter des réactions… Ce qui est le signe d’un malaise dans ce décès à 68 ans de celui qui a été l’artisan majeur de la réélection d’IBK en 2018. SBM voulait-il succéder à IBK au palais de Koulouba ? Ce rival d’un certain feu Soumaïla Cissé s’en est donc allé à petit feu, avec des interrogations. La remise de corps à sa famille serait refusée suscitant encore des questionnements.
Perte pour sa famille et profit pour qui ?
Rappelons que dans sa lettre ouverte adressée au président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, le 1er mars dernier, l’épouse du défunt, Mme Maïga Binta Yattassaye insistait sur l’urgence d’une évacuation, sentant venir cette disparition : « Vous saurez accorder l’importance qui s’impose au Conseil National de Santé et à l’équipe pluridisciplinaire, composés de professeurs agrégés de médecine, de chef de clinique, et d’éminents médecins civils et militaires, ayant unanimement soumis aux Autorités Maliennes l’urgence de l’évacuation de S.B. Maiga, dont le pronostic vital est engagé…».
Avec cette disparition, après celle de Soumaïla Cissé de l’URD, ce sont des ténors sérieux aspirant au fauteuil présidentiel de Koulouba qui sont ainsi hors-course. En…perte et profit de qui ? L’avenir le dira.
Bruno D SEGBEDJI