«Toute âme goutera à la mort», dit-on. Mais l’annonce de la mort
de Kata Data a sonné comme un coup de foudre chez tous ceux qui
l’ont côtoyé. Combien de ses congénères et confrères sont morts
dans la plus grande discrétion ? Certainement beaucoup !
Emérite professeur, militant intrépide devant l’éternel, Kada comme
l’appelaient affectueusement les Gaois, a laissé la terre de ses
ancêtres, sans crier gars, pour le monde de l’inconnu. Sa mort a été
douloureusement ressentie partout à Gao et à Bamako où nous
autres vivons par la force des choses.
Il a été mon premier professeur d’anglais au lycée Yana Maïga de Gao
en 1993, en 10e L2 (langues). Je me souviens de son premier cours
quand il se présentait en ces termes : «I have a long name : Kata
Data Alhousseyni Maïga» ! Et il l’a écrit du début à la fin du tableau
en capitale. Kata Data a cultivé l’amour de l’anglais chez tous ses
élèves. En une année scolaire on a rempli 2 cahiers de deux cent
pages en anglais. Je garde encore ces cahiers…que sais-je encore.
Parallèlement aux cours, il cultivait chez nous le militantisme. Il
combattait la démission chez les jeunes. Pour lui, un jeune ne doit
jamais baisser les bras. Il doit se battre… Passionné par son métier
d’enseignant et d’éducateur voir d’éveilleur de conscience, il a
influencé nombre de nos camarades. Et cela à telle enseigne que
certains tentaient d’imiter même sa démarche ou encore sa façon de
s’exprimer. Militant dans l’âme, il a donné le meilleur de lui-même à
Gao. Aujourd’hui Gao pleure Kada. La cité des Askia versera
longtemps des larmes intarissables pour son Kada.
Vacataire au lycée, il a été combattu pour ses idées. Mais il en fallait
plus pour le décourager… Seule la mort a eu raison de lui ce mercredi
15 avril 2020. Ainsi va la vie.
Dors en paix professeur !
Alhassane H. Maïga
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