L’unanime reconnaissance du showbiz à un talent inné
L’annonce de la disparition d’Amadou Bagayoko a fait le buzz en début
d’après-midi du vendredi dernier (4 avril 2025). Au départ, nous avons
été nombreux à ne pas nous précipiter pour l’annoncer, tellement cela
nous ressemblait invraisemblable (nous n’étions pas nombreux à savoir
qu’il ne se portait pas très bien ces derniers temps). Hélas, l’information
a été vite confirmée par la famille, nous mettant encore face à notre triste
destin de mortel. Et alors, les hommages ont plu sur les réseaux
sociaux. Les fans éplorés, les collaborateurs (anciens et actuels), les
artistes, les critiques… Chacun a essayé de trouver le mot juste pour
parler (toujours au présent) d’Amadou, de son talent, de sa passion, de
son parcours, de son humilité, de la solidité du couple Amadou et
Mariam, de son héritage. Hélas, les mots ne suffisent pas à nous
consoler de la chute d’un baobab ; de l’effondrement d’un monument ;
de la disparition d’un monstre sacré, d’une icône, d’une légende…
«Je suis abasourdi par cette nouvelle parce que je ne m’attendais pas à ce
que Tié ba (grand homme) nous quitte si tôt. La dernière fois qu’il est passé à
la maison, il était très en forme. Et je crois que je ne suis pas le seul surpris
parce que les gens ne cessent de m’appeler pour avoir la confirmation, aussi
bien du Mali que d’ailleurs, notamment l’Europe», nous a confessé le maestro
Idrissa Soumaoro dans un entretien qu’il nous a accordé quelques heures
après l’annonce du décès de son protégé, ami, collaborateur… «Ce que j’ai
fait comme travail pratique avec Amadou, je ne l’ai fait avec aucun autre
musicien malien. On pouvait s’enfermer toute la journée pour travailler. Hélas !
Dieu a fait ce qu’il avait à faire. Nous ne pouvons que prier pour le repos de
son âme et nous battre pour pérenniser son héritage… Amadou fut un très
bon instrumentiste, très intelligent et qui apprenait rapidement», nous a-t-il
avoué.
«Quel chagrin de savoir que notre Mariam sera désormais sans son Amadou.
Nous avons perdu un trésor national et un membre cher de notre famille
musicale. Un être exceptionnel de chaleur, de gentillesse et l’un des meilleurs
musiciens du Mali. Reposes en paix Amadou, nous prendrons soin de
Mariam», a promis Inna Modja (Inna Bocoum), chanteuse, mannequin, actrice
et militante féministe. «Les mots me manquent face à cette perte immense.
Pendant trois ans, j’ai eu à travailler avec Amadou sur le projet Éclipse qui
nous a amenés un peu partout, jusqu’en Australie. Mon Cheick (Amadou) était
une personne incroyable qui avait le don de rendre ses proches heureux. Sa
bonté restera gravée dans mon cœur à tout jamais», a souligné Madou Sidiki
Diabaté, l’un des tout premiers artistes à réagir au décès…
«C’est le cœur brisé que j’apprends aujourd’hui la disparition d’Amadou
Bagayoko, un pilier de la musique malienne, un ambassadeur dont le talent a
brillé dans le monde entier. Ta guitare et ta voix ont touché tant d’âmes, porté
tant de messages de paix et d’espoir», a souligné Oumou Sangaré. «Nos
chemins se sont croisés si souvent, partageant musique, rires et confidences.
Je chérirai toujours ces instants privilégiés où nous parlions de notre amour
pour le Mali et pour notre art. Avec Mariam, vous avez formé un duo
légendaire qui a ouvert tant de portes pour nous tous, artistes maliens. Votre
parcours, malgré les défis, restera une source d’inspiration éternelle», a ajouté
la Diva du Wassoulou.
Pour Mokobé Traoré alias Mokobé, l’illustre défunt a été «un artiste
exceptionnel et une âme brillante du groupe Amadou et Mariam. Sa musique a
touché des millions de cœurs à travers le monde, apportant joie et inspiration.
Amadou a su transmettre des émotions à travers ses mélodies, célébrant la
richesse de la culture malienne et l’amour universel. Sa voix unique et son
charisme resteront gravés dans nos mémoires. Nous nous souviendrons de lui
non seulement pour son talent, mais aussi pour sa générosité et sa passion».
Et les artistes maliens ne sont pas les seuls peinés par cette disparition.
«Amadou ! On sera toujours ensemble… Avec toi, partout ou tu iras. Mariam,
Sam, toute la famille, votre peine est ma peine. Je vous aime», a écrit sur
Instagram Manu Chao, le producteur du célèbre «Dimanche à Bamako».
Selon les confidences de l’ancien leader de la «Mano Negra», il a une fois
entendu «Chauffeurs» d’Amadou et Mariam dans un taxi parisien au début
des années 2000. Leur collaboration les a ensuite propulsés dans une autre
dimension. De son côté, la ministre française de la Culture, Mme Rachida
Dati, a salué la mémoire d’Amadou Bagayoko, qui «incarnait la générosité,
l’engagement et la richesse de la musique francophone». Et de souligner
qu’avec «Mariam Doumbia, ils formaient un duo inoubliable, à la scène
comme à la ville, et avaient fait de leur différence une force».
«Amadou, je n’oublierai jamais ta générosité et ton talent quand tu es venu
jouer sur mon album DjinDjin. Ta guitare a porté la chanson de haut en bas»,
a avoué la star Angélique Kidjo. «Choquée et extrêmement peinée
d’apprendre qu’une légende vient de nous quitter. Mes pensées vont à Mariam
et à toute ta famille. J’ai eu la chance de partager des moments précieux avec
toi avant que tu nous quittes. Ton sourire sera gravé à jamais dans ma
mémoire. Ta simplicité et ta gentillesse n’ont d’égal que ton talent. Tu fais
partie des grands de ce monde, nous ne t’oublierons jamais», a aussi
témoigné Zaho (Zehira Darabid) la chanteuse et auteure-compositrice-
interprète algéro-canadienne, sur les réseaux sociaux.
Quant à notre consœur et présidente du Front populaire contre la vie chère
(FPVC), Mme Mariam Koné, «Amadou maîtrisait tant les cordes de la guitare
que celles des chapelets. Voilà un grand homme du Tijaniya qui s’en est allé.
Des milliers de Salatoul fatihi, ont aussi marqué sa vie de star… Que Dieu
fortifie sa femme, sa compagne de tous les jours».
Hélas, le talent, les valeurs cultivées à souhait, les qualités humaines et
professionnelles… ne confèrent jamais une immunité contre la mort. Mais,
pour des mortels exceptionnels comme Amadou Bagayoko, elle (mort) est
juste une disparition physique car elle ne pourra jamais effacer l’héritage légué
à la postérité comme gage d’immortalité. Que le Tout-puissant fasse du
Firdaws la demeure éternelle d’Amadou au paradis !
Moussa Bolly
diasporaction.fr