Le dialogue politique qui s’ouvre en Centrafrique se tient sans l’opposition démocratique. Coup d’envoi aujourd’hui du dialogue républicain en Centrafrique pour rechercher la paix dans ce pays meurtri et déchiré par la guerre civile. Mais celui-ci se fera sans l’opposition démocratique qui a claqué la porte des pourparlers, estimant que ses préoccupations ne sont pas prises en compte.
En revanche, le comité d’organisation estime que le dialogue peut se poursuivre sans elle ainsi que sans l’opposition armée. Dans ce contexte, qui discute avec qui ? Paix et réconciliation Le dialogue républicain se veut un rendez-vous de paix et de réconciliation. Mais certains acteurs essentiels en sont absents. C’est le cas des groupes armés et de l’ensemble de l’opposition démocratique. Cyriaque Gonda, président de la COD-2020 est néanmoins présent pour délivrer le message politique de l’opposition :
« Nous allons poser nos conditions. Dans toutes les assises, il y a des conditions et c’est aux organisateurs de prendre en charge ces conditions et d’essayer de créer un couloir de discussion. S’il n’y a pas ça, nous ne participons pas au dialogue ».
Partage du gâteau
Mais cette prise de position est qualifiée de volonté de « partage du gâteau » par Obed Namsio, directeur de cabinet du président Touadera, président du comité d’organisation du dialogue. « Le comité du dialogue républicain tient à préciser que ces préoccupations ont été prises en compte dans les 24 sous-thématiques et seront débattues dans les commissions qui seront mis en place. En revanche, le comité a estimé qu’il n’était pas compétent pour discuter avec l’opposition démocratique un accord politique qui, en réalité, est une demande implicite de cohabitation ou de partage du gâteau entre les pouvoirs publics et l’opposition démocratique », déclare Obed Namsio. Samba Panza pour un « dialogue permanent »
Dans ce blocage qui fait planer l’incertitude, l’ancienne présidente Catherine Samba Panza, qui milite aujourd’hui au sein de l’Association des femmes juristes de Centrafrique, plaide pour un dialogue avec toutes les parties représentatives. Elle déclare :
« Je suis pour un dialogue permanent et des échanges permanents entre tous les segments de la société centrafricaine pour la recherche de solutions aux difficultés que nous connaissons au niveau du pays ».
Le dialogue républicain est aussi scruté par le Centre du dialogue humanitaire qui pense qu’il faut prendre en compte les leçons des dialogues précédents.
Responsabilisation
Freddy Kourikiyé, du Centre du dialogue humanitaire, se veut optimiste car, dit-il, « depuis la signature de l’APPR-RCA (accord pour la paix et la réconciliation, signé en février 2019 entre le gouvernement centrafricain et 14 groupes armés, ndlr) d’autres rendez-vous réussis ou moins bien réussis ont servi au moins à tirer des leçons ». Et selon lui, « le dialogue républicain est un rendez-vous non pas uniquement pour donner et recevoir mais aussi pour responsabiliser ».
En l’absence de nombreux acteurs, le dialogue républicain qui s’ouvre à Bangui laisse donc redouter un échec après celui de l’accord de paix négocié à Khartoum en février 2019.
Jean-Fernand Koena
Source: DW.com