La question migratoire et celle concernant le Franc CFA demeurent des défis pour l’Afrique. Convaincus de cet état de fait, des intellectuels et artistes des sociétés civiles africaines ont organisé, le samedi 16 février 2019, une grande rencontre au Mémorial Modibo Keïta de Bamako pour débattre sur la Migration et sur le Franc CFA. Au cours de cette rencontre, des voix, notamment celle de l’ancienne ministre de la culture du Mali, Aminata Dramane TRAORE ont mis l’accent sur la gravité de la question migratoire, mais aussi sur l’importance de la souveraineté monétaire de l’Afrique.
L’Afrique fait face, depuis près de deux décennies, à une véritable saignée humaine sans qu’une position collective concertée et partagée vienne changer, un tant soit peu, le cours désastreux des événements, indique une note remise à la presse, au cours de la rencontre. La note indique que cette absence de réaction politique, intellectuelle et sociale africaine forte était manifeste quand deux adolescents guinéens et un jeune camerounais (1998 et 1999), sont morts dans des trains d’atterrissage d’avions, en tentant de rallier l’Europe. Un débat d’idées rigoureux, en vue d’une mobilisation des opinions publiques et des forces sociales, à la hauteur de la gravité de la situation, s’impose. Selon les organisateurs à l’image de l’ex ministre, Aminata Dramane TRAORE, le choix de la capitale malienne pour abriter la rencontre n’est pas fortuit. Il vise, dit-elle, à rendre hommage au président Modibo KEITA qui avait fait de la souveraineté monétaire l’une des exigences de l’indépendance du Mali. Elle a mis l’accent sur la gravité de la question migratoire, mais aussi l’importance de la souveraineté monétaire de l’Afrique. « Il n’y a de souveraineté politique, d’indépendance et de développement véritable dans l’intérêt des peuples concernés, que lorsque vous avez une monnaie contrôlée », a-t-elle dit. S’agissant de la Migration, selon Aminata Dramane TRAORE, « les migrants ne tournent pas le dos au Mali et à l’Afrique parce que l’Afrique est pauvre, ils tournent le dos au continent parce qu’on a mis en œuvre une politique dite de développement économique, qui n’ont pas développé nos pays, qui ne peuvent pas développer nos pays », a-t-elle dit. On devrait avoir la libre circulation pour l’être humain, de la même manière que des marchandises, a-t-il poursuivi. Pour sa part, le Pr Issa N’DIAYE a fait savoir que les impasses actuelles en Afrique sont les conséquences de la mauvaise gouvernance des dirigeants. Et d’ajouter que les problèmes en Afrique sont la corruption et la mauvaise gouvernance. A l’en croire, 65% des ressources africaines sont volées par les multinationales. Au cours de la rencontre, il y a eu non seulement des débats sur l’« insoutenabilité » du franc CFA, mais aussi, le lancement officiel des états généraux du franc CFA et de la transition vers des alternatives africaines. Lors des débats, certains ont exprimé leur inquiétude par rapport à l’atteinte des objectifs sans l’implication des autorités africaines.
A .DISSA