C’est une scène de violence inhabituelle que décrivent des femmes de Yélimané ayant subit une répression sanglante dans la journée du 10 mai 2016.
Alors qu’elles manifestaient simplement, ces femmes Soninké dont certaines sont admises à l’hôpital de Kayes joignent ainsi le combat de toute une région voulant se défaire des excès des représentants de l’Etat trop voraces à leurs yeux.
De Yélimané à Paris, en passant par New York ou Abidjan, c’est la mobilisation générale dans la communauté Soninké pour soutenir Bakary Diambou, le porte-parole de Yélimané Dagakaané qui bénéficie déjà d’une liberté provisoire.
«Et puisque vous n’étiez pas présents(…), je vous demande de regarder ceux que ces lâches, ces brutaux, ces sauvages, ces barbares, ces mythos et sanguinaires ont fait à nos épouses, sœurs et mères hier mardi 10 mai devant le Tribunal de justice de Yélimané », témoigne en colère un ressortissant de la zone.
En effet, lorsque les Femmes du cercle de Yélimané ont manifesté pour soutenir la cause de Yélimané Dagakaane, l’association créée par la diaspora, les agents de la Brigade de gendarmerie se sont acharnés sur elles, les tabassant jusqu’au sang.
« Au total, 2 femmes avaient perdu connaissance, 1 femme est sortie avec un bras cassé, une autre est sortie avec un orteil cassé et 5 autres ont été gravement blessées », ajoute la même source.
Les manifestantes blessées avaient été conduites au centre de Santé de Yélimané avant d’être transférées le mercredi matin à l’hôpital de Kayes. Dans la communauté Soninké, c’est l’indignation à travers le monde face aux images choquantes.
« Regarder ces photos et dites nous que faut-il faire face à des bestiaux d’autorités administratives et politiques qui n’ont pas encore condamné l’événement sanglant d’hier, un gouverneur régional qui regarde et ne dit rien et pire encore quand on constate que c’est le calvaire de tous les Maliens car il n’y plus de gouvernement dans le pays », indiquait un autre ressortissant outré par le silence des plus hautes autorités.
Depuis sept jours, la communauté Soninké de France était mobilisée devant le consulat du Mali à Paris où se tenait un sit-in.
La mobilisation s’est étendue à d’autres pays comme l’Espagne, New York, Abidjan et bien d’autres contrées du monde où résident des Soninké maliens.
Aux origines de cette crise, il y a le refus des populations de Yélimané de payer un surplus de 1000 francs CFA sur la Taxe de développement régional et local (TDR).
C’est une vielle histoire ! Mais en août 2015, pour avoir osé dénoncer ce surplus et la mauvaise gestion des affaires publiques à travers une marche non autorisée, cette association faisait l’objet d’une cabale judiciaire selon ses représentants locaux.
A cause du refus des populations à payer ce surplus, une quinzaine de membres de l’association étaient en prison, 17 étaient placés en résidence surveillée et les activités de l’association étaient interdites.
Ce diktat de l’administration locale a fini aujourd’hui par révolter davantage les ressortissants de la localité qui financent eux-mêmes tous les services sociaux dont bénéficie la population locale. Le porte-parole de l’association vient de bénéficier de la liberté provisoire, mais plus rien ne sera comme avant à Yélimané dont les populations se réveillent enfin.
Soumaila T. Diarra
Source:Le Republicain
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