Ok, lui dis-je, admettons que la sécurité ne soit pas l’affaire des civils, quid de l’insécurité ? Parce que ce n’est pas la sécurité mais l’inverse si une voiture peut entrer en pleine ville, à 13 heures, tirer sur un hôte et enlever trois autres, avant de faire un pied de nez aux riverains comme Fernando Sancho le faisait dans la ville dont il venait de dévaliser la banque.
Ce n’est pas la sécurité ça, insisté-je, mais son contraire. Toutes les villes, contredit-il, peuvent connaître ce genre d’événements malheureux : « tu dis quoi du 11 septembre 2001, dans la ville-symbole de la plus grande puissance mondiale » ? Je ne lâche pas et lui rétorque que le pays frappé a poursuivi ses assaillants jusque dans un autre continent, abattu le pouvoir qui les supportait et mené une traque de dix ans qui a abouti à la mort de Ben Laden, il y a quelques mois.
« Et nous ? relance t-il, machiavélique ? J’aurai pu dire que c’est exactement l’inverse depuis dix ans. Mais moi, même voir un pistolet me fait m’évanouir. Je ne peux donc pas me mêler des affaires du cousin Foudiougou, le chep d’Etat major. Je lui dis que nous on descend de marabouts et qu’il suffit que nous récitions Yassine à l’envers pour neutraliser l’ennemi.
« C’est donc un de tes cousins qui a dû vendre ses services à l’armée. Car figure toi, ce qui retarde les poursuites, c’est que nos hommes, avant de quitter essaient de réciter cette sourate à l’envers ». A partir de ce commentaire, j’ai tout compris. Je sais maintenant pourquoi les bidasses avant les poursuites demandent à sortir l’orgue de Staline. Ils parlent sans doute de Yassine à l’envers. Sauf que de la manière dont on prononce ici le Coran…
Adam Thiam
Le Républicain 06/12/2011