La presse doit faire son travail d’information et l’information du citoyen est sacrée, personne ne doit en douter. Mais au-delà des sources -sécuritaires- qui peuvent, avec autant de légèreté mettre des photos sensibles à la disposition de la presse, il y a la responsabilité même du journaliste devant le malheur d’une famille, la mémoire du défunt et le respect d’une veuve. Nous sommes peinés mais Dieu est grand.
Ce qui nous peine également, c’est chaque fois de lire que le fils d’un ministre a été pris avec des centaines de millions à l’aéroport ou que le passeur d’une ministre s’est fait saisir des centaines de millions par la police de l’Aéroport de Roissy sans donner de nom. Quand on accepte de balancer une telle information, pourquoi se priver de décliner l’identité? Pourquoi procéder par de petits indices ? Imposer des devinettes à un public auquel nous devons le plus grand respect ? Non, l’honneur des autres est trop important pour jouer là-dessus. Et quand on veut informer, on informe complètement et on informe par la vérité. Sinon, il y a une vingtaine de ministres qui sont soupçonnés du coup.
Or même s’ils sont des personnages publics, leurs droits à eux aussi sont sacrés. Je voulais, comme d’habitude, pouvoir vous faire sourire, car c’est cela le but de cette rubrique. Mais je ne suis pas d’humeur. J’ai peur pour l’avenir de la presse ici. J’ai peur que personne ne lui tende la main. J’ai peur car cette belle compagne de la démocratie se laisse pervertir de jour en jour. Qu’on ne me dise surtout pas que je suis en train de me mêler de choses qui ne regardent pas les autres !
Adam Thiam
Le Républicain 22/03/2011