Quel est le patriote qui n’a pas été séduit une fois par les sorties bien structurées avec des preuves à l’appui, que ça soit à l’hémicycle ou à la télé de Me Mountaga Tall sous le premier mandat du Président Alpha Oumar Konaré ? Qui n’a pas accordé un certain intérêt aux interventions tonitruantes de M. Choguel Kokalla Maiga sur les antennes d’une radio internationale fustigeant le régime d’Alpha Oumar Konaré ? Aujourd’hui, ces deux grands caciques du Collectif des partis politiques de l’Opposition (COPPO) sont passés de l’autre côté, emmurés dans un silence complice au moment où les mêmes causes d’hier produisent les mêmes effets aujourd’hui. Ils reprochaient tant de choses à AOK, dont le présent d’IBK donne un tableau beaucoup plus triste, d’une République à scandales. Ont-ils fait finalement le choix du silence, on mange ?
L’on se rappelle, que c’est en 2002 que l’Espoir-2000, un regroupement de partis politiques autour d’IBK, avait pris fait et cause pour le candidat ATT au second tour des élections présidentielles au détriment du candidat de l’ADEMA Soumaila Cissé. Après la victoire d’ATT, ces partis décidèrent unanimement d’accompagner le «président indépendant» dans sa gestion du pouvoir. Elus députés à l’Assemblée Nationale, IBK et Mountaga Tall devinrent respectivement président et vice président de l’Hémicycle. Quant à Choguel Maiga, il devint ministre en charge du Commerce. Les farouches opposants au président Alpha Oumar Konaré qu’étaient Choguel Maiga et Mountaga Tall deviendront les fervents défenseurs d’ATT en dépit de tous les griefs reprochés à son prédécesseur et qui étaient toujours monnaie courante sous ATT.
Depuis lors, les maliens avaient commencé à s’interroger sur la morale des hommes politiques. Comment comprendre que ceux qui faisaient feu de tout bois en tirant à boulets rouges sur une gestion qu’ils jugeaient catastrophique, pouvaient se retrouver avec un autre et qui n’avait pas fait mieux que le premier ? Aux élections de 2007, les désormais ex opposants à Alpha Oumar Konaré avaient poussé le zèle jusqu’à devenir les portes parole du candidat ATT. A une conférence pour analyser les résultats, ces deux hommes étonnaient leur mentor ATT en annonçant sa victoire par anticipation avec des chiffres qui frôlaient le plébiscite et cela contre leur mentor d’aujourd’hui IBK.
Où est l’éthique en politique quand on peut renoncer à sa conviction au profit des dividendes ou strapontins? Au second tour des élections présidentielles de 2013, comme une ruée vers l’or, nos deux caciques se dirigèrent vers Sébénikoro, résidence du candidat en passe de gagner. Aujourd’hui, en faveur de l’avènement d’IBK au pouvoir Choguel Maiga et Me Mountaga Tall ont fait le choix définitif de suivre et de manger sans se soucier du peuple qu’ils se disaient défendre les intérêts contre les prédateurs.
Si le comportement de Choguel K. Maiga surprend moins, celui du démocrate, acteur adulé du 26 Mars pour lequel au nom de son combat, la Conférence nationale rabaissait l’âge pour être candidat à la présidentielle à 35 ans. Vivement le retour de «Ba Mountaga» de la législature 1992-1997 de l’Assemblée Nationale.
Youssouf Sissoko
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