Comme à son habitude, Daniel Tessougué s’est montré très critique à l’égard du
président ATT et de la classe politique. Les mots n’étaient du tout tendre à leur
endroit : « les partis se sont mis à plat ventre devant un seul homme, qui est devenu
puissant et n’écoute personne. Conséquence, nous avons un pouvoir solitaire qui
fait ce qu’il veut ». Daniel Tessougué a également brossé sommairement la situation
actuelle de notre pays, caractérisée selon lui, par une corruption généralisée dans
tous les domaines. « ATT a encouragé le laisser aller dans notre pays. Il y a la
corruption partout, à l’école, dans les hôpitaux, dans les tribunaux », a-t-il dit.
Par rapport à la tenue des élections générales de 2012, il a déclaré que la situation
actuelle n’autorise pas la tenue d’élection régulière.
Il a été rejoint par Me Mohamed Ali Bathily qui voit déjà un coup d’Etat institutionnel,
accusant les partis politiques et notamment les députés et le président de
l’Assemblée nationale de ne pas jouer leur rôle. Pour lui, les partis politiques
n’auraient pas dû déplacer le débat chez le président de la République. A ses
dires, les députés devraient avoir le courage politique d’interpeller le gouvernement
concernant la gestion de cette crise. « Jusqu’à présent, personne ne sait combien
de soldats ont été tués et quelles sont les mesures que le gouvernement compte
envisager pour assurer l’intégrité de notre territoire », a-t-il martelé, avant d’ajouter
que « l’armée n’a pas été vaincue, elle a été atteinte par la mauvaise gouvernance.»
Le clou de son intervention a surtout été : « le président de la République ne peut
plus organiser le référendum qu’il compte coupler avec la présidentielle du 29 avril
prochain ». Pour Me Bathily, s’il le fait, il sera coupable de crime de haute trahison
conformément à son serment. Car il est convaincu que si le référendum a lieu, ATT
aura violé la Constitution. Pour la simple et bonne raison que selon l’article 118 de la
loi fondamentale, « aucune modification de la constitution ne peut se réaliser si une
partie du territoire est attaquée. Nous sommes bel et bien dans cette situation, donc
ATT doit renoncer au référendum.»
Auparavant, Abdoul Traoré dit Diop avait lu une déclaration. On retient, entre autres,
de celle-ci, que le Collectif janvier noir « s’incline devant toutes les victimes de ce
conflit fratricide et présente ses condoléances à leurs familles, en appelle au sens
de l’honneur, de l’humanisme et de la justice qui habite chaque citoyen malien digne
de ce nom pour préserver le pays de toute dérive destructrice, en défendant toutes
les communautés qui composent ce pays sur la base de l’équité édictée depuis
1236, demande la mise en place d’une Commission d’enquête parlementaire pour
contribuer à éclairer l’opinion nationale et internationale sur le conflit du Nord.»
Youssouf Diallo
22 Septembre 16/02/2012