Dakar suspend l’expulsion de l’ex-président tchadien Hissène Habré

C’est officiel. Le Sénégal « suspend » la mesure d’expulsion qui visait Hissène Habré. Selon le communiqué qui a été lu à la RTS, la radio-télévision publique par le ministre des Affaires étrangères Madické Niang ce dimanche 10 juillet, Dakar « entend engager immédiatement des consultations avec les Nations unies, l’Union africaine et la communauté internationale pour qu’une solution puisse intervenir rapidement ».

Les autorités expliquent avoir pris cette décision à la suite de l’appel de la Haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Navi Pillay qui avait « exhorté » le Sénégal à revenir en arrière. Selon Navi Pillay, cette expulsion aurait en effet pu constituer une violation du droit international.

Point important pour la suite du dossier : Dakar fait comprendre, dans ce communiqué, que la solution préconisée par l’Union africaine ces derniers mois, celle d’une juridiction spéciale créée sur son territoire lui semble « inacceptable ». Le Sénégal rappelle que l’engagement pris devant l’UA était de faire juger Habré par ses propres juridictions et magistrats et non « par une nouvelle juridiction dont les fondements sont discutables ».

Ce n’est pas la première fois que les autorités sénégalaises menacent de se débarasser d’Hissène Habré puis annulent la mesure. En novembre 2005, déjà, le ministre sénégalais de l’Intérieur avait laissé entendre que l’ancien président tchadien serait expulsé vers le Nigeria. Puis les autorités étaient revenues sur leur décision.
Communiqué du ministère sénégalais des Affaires étrangères

REPUBLIQUE DU SENEGAL
Un Peuple- Un But Une Foi
MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES

COMMUNIQUE

Le Sénégal suspend la mesure d’expulsion qui a été prise à l’endroit de M. Hissene Habré, compte tenu de la demande faite par Mme le Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme.

Le Sénégal entend engager immédiatement des consultations avec les Nations Unies, l’Union Africaine et la Communauté Internationale pour qu’une solution puisse intervenir rapidement, dès lors que l’Arrêté de la Cour de Justice de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) lui interdit de juger M. Hissene Habré et suggère la création d’une juridiction spéciale, solution inacceptable pour le Sénégal qui s’était engagé à faire juger M. Hissene Habré par ses propres juridictions et magistrats et non par une nouvelle juridiction dont les fondements sont discutables.


Fait à Dakar le 10 juillet 2011
Le Ministre d’Etat, Ministre des Affaires étrangères Maître
Madické NIANG

Par RFI 110/07/2011