Cyril Achcar, président de l’OPI sur le décollage industriel du Mali « Le développement sans industrialisation est impossible »

Cyril Achcar

Le premier numéro de l’émission débat économique de Renouveau TV intitulé: «Les décideurs» a été enregistré, le 7 juin 2016, dans la salle de conférence du Studio Tamani de la Maison de la Presse.

L’émission vise à rencontrer les héros, ceux qui font le PIB du Mali et qui le classe au troisième rang de l’économie de l’Uemoa après la Côte d’Ivoire et le Sénégal, malgré sa situation de crise.
Ce premier numéro avait pour invité le président de l’Organisation Patronale des Industries (OPI), Cyril Achcar.
Pour en savoir un peu plus sur la situation des industries maliennes, l’animateur du débat, Alexy Kalembry du Journal « Les Echos » a discuté avec son invité, sur entre autres l’environnement des affaires au Mali.
Selon Cyril, l’environnement des affaires est très difficile au Mali. L’illustration, dit-il, le déficit abyssal de la balance commerciale (-80 milliards de FCFA en 2011) fait ressortir que le Mali est un pays importateur net de produits industriels, le premier pays importateur de l’Uemoa.
Le poids de l’industrie (manufacture) dans le PIB est de 4% (DBSI, 2010). Le taux de croissance 5% en moyenne sauf -1,5% en 2012. Or, dit-il, il faut 7% minimum pour stopper l’augmentation de la pauvreté.

Environ un tiers de la population vit sous le seuil de la pauvreté soit 36%. Le taux de chômage est de plus de 30%.
Le budget de l’Etat est financé à hauteur de 40% par les aides publiques au développement.
Ailleurs, ajoute l’industriel, c’est des croissances chiffrées qui font rougir. Dans cette situation économique difficile, pour faire bouger l’industrie, explique Cyril, il faut un leadership fort, une très bonne vision de la part de l’Etat.
Car l’industrie, ajoute l’orateur, est le genre d’activité qu’on ne peut pas faire si on veut récupérer son argent demain, c’est une activité très risquée qui colle avec l’émergence. Contrairement à la Côte d’Ivoire avec 6000 industries environ, le Sénégal avec 4000 industries environ, s’indigne Cyril, le Mali est à environ 500 industries dont 80 seulement relevant du secteur formel.
«Nous nous voulons que l’industrie malienne soit une industrie qui pèse 10 et 20% du PIB. Car le développement sans industrialisation est impossible», précise Cyril Achcar.
Ce qu’il faut pour un décollage économique du Mali, poursuit l’invité, c’est la mise en œuvre des 21 mesures proposé par l’OPI dans son livre blanc (11 solutions conjoncturelles et 10 solutions structurelles).
Par rapport aux solutions conjoncturelles, l’on retient: réduire la TVA à 5% uniquement pour les produits manufacturés et non importés, suppression de la taxe sur les activités financières, relecture du décret 299/R-RM du 3 juin 2002 portant sur la répartition des produits amendes confiscations, pénalités, frais de poursuite et de primes sur les recettes budgétaires, redynamiser des structures techniques chargées de la lutte contre la fraude et la concurrence déloyale, application du tarif extérieur commun (TEC) aux produits frauduleusement originaires de l’Uemoa et de la Cedeao dont l’agrément Tec est contestable, changement de pays de perception des droits sur les matières premières des produits industriels originaires de l’Uemoa, appliquer rigoureusement les valeurs de référence aux produits non originaires, orienter la commande publique vers les industries nationales et jusqu’à 20% plus cher, etc.
Concernant les solutions structurelles, il a cité entre autres : accélérer la mise en place d’un fonds de garantie et d’un fonds d’investissement national pour les entreprises industrielles, créer un tarif d’électricité pour les entreprises industrielles, abaisser l’impôt sur les société à 25% au lieu de 30% actuellement et plafonner l’IMF par palier, améliorer la qualité des ressources humaines par la formation et l’alternance en entreprise, défiscaliser l’emploi, un emploi formel revient à deux emplois informels, orienter l’appui des structures publiques d’aide à l’emploi vers les principaux contributeurs.
Hadama B. Fofana
Source:Le Republicain 10/06/2016.