Ce n’est pas la première fois que les dirigeants de la RPC expriment leur inquiétude par rapport à la situation dans le cyberespace. Quant aux Etats-Unis, ils continuent à dépeindre la Chine comme l’unique méchant dans l’espace informatique mondial. En 2012, le National Intelligence Council des Etats-Unis (NIC) a constitué une première revue des menaces cybernétiques, dans lequel la Chine occupe beaucoup de place. La RPC y est nommée comme « un acteur dangereux de l’espace cybernétique ».
Washington accuse la Chine de réaliser des attaques contre les sites des structures gouvernementales américaines et des sociétés commerciales. Cela concerne avant tout le vol des secrets militaires. Selon les fonctionnaires américains, les hackers chinois auraient pénétré dans le système informatique interne de la société Lockheed Martin, ayant volé une quantité énorme de données sur l’avion furtif de combat F-35.
En outre, une nouvelle information sur les hackers chinois a fait sensation juste avant la nouvelle étape des pourparlers entre la Chine et les Etats-Unis. Les médias américains, citant des sources gouvernementales ont indiqué que des « cyberspions chinois » auraient effectué une attaque massive contre les archives de l’US Office of Personnel Management (le Bureau américain de gestion du personnel). Cette attaque leur a permis de mettre la main sur les informations concernant les fonctionnaires des services fédéraux qui se sont adressés aux services de renseignement américains pour demander des informations classées « secrètes ». En mai 2014, le ministère de la Justice des Etats-Unis a accusé cinq membres de l’Armée populaire de libération (APL) d’avoir « volé » les secrets commerciaux des sociétés américaines de la défense.
Pékin a nié à maintes reprises de jouer le rôle du « méchant » dans cette histoire. Cependant il s’est avéré que ce sont bien les Etats-Unis qui ont élaboré les premiers des technologies de la guerre des réseaux. Difficile de contester cet argument, surtout qu’Edward Snowden a révélé les informations sur le système global d’espionnage américain.
Les révélations de Snowden ont fortement perturbé les projets de Washington. Il semblait alors qu’aucune discussion du problème de cyberespionnage ne peut être mené par les Américains sur le fond de la critique unilatérale envers la Chine. Cependant on entend les Américains beaucoup parler de l’espionnage chinois ces derniers temps, souligne le directeur du Centre des recherches et des pronostics de l’Institut de l’Extrême-Orient Andreï Vinogradov.
« Il s’agit de la pression de propagande sur le côté chinois », explique-t-il. « Alors que du point de vue des pourparlers cette décision ne donnera rien du tout. Les dernières actions des Etats-Unis chargées de dénoncer la Chine ne sont pas motivées par le souci de sécurité, mais plutôt par la volonté de détourner l’attention des échecs qu’ont essuyé ses services secrets. Ces services volent les informations secrètes non seulement aux rivaux des Etats-Unis, mais aussi à leurs alliés. Le scandale en Allemagne l’illustre très bien.»
Pour l’instant la réglementation internationale du cyberespace est largement en retard par rapport au développement des réseaux. C’est pourquoi Xi Jinping a soulevé la question de la souveraineté des Etats dans les réseaux, évoquant le droit de n’importe quel pays de protéger l’information considérée « de haute importance ».
C’est une question difficile, parce que l’Internet est un environnement commun et ouvert à tous. Des idées similaires sur la création d’un système mondial de protection de la cybersécurité ont été exprimées récemment par Vladimir Poutine au sommet du BRICS. Le président russe estime qu’il est nécessaire de se concerter de la situation actuelle avec d’autres pays du monde, car certains pays ont des droits plus étendus que d’autres dans l’espace cybernétique, notamment le droit de surveillance ou d’écoute électronique des chefs d’Etat, alors que les Etats-Unis appellent ces Etats partenaires.
Peut-on trouver un accorddans la situation, où les Etats-Unis peuvent s’attribuer le droit de juger les autres pays, limitant toute la discussion du problème de la cybersécurité aux accusations des autres pays ? Une impression se crée, que les Etats-Unis sont en train d’éviter délibérément la possibilité de trouver des accords quelconques dans ce domaine, pour laisser à leurs services de renseignement la liberté des mouvements et effectuer la surveillance du monde entier.