Face aux difficultés qu’ils vivent individuellement et de façon collective, les artistes maliens ont décidé de donner de la voix. Convaincus qu’ils sont d’un apport non négligeable dans le développement du Mali, les artistes ne veulent plus être la cinquième roue de la voiture. Ils veulent développer des stratégies pour mieux défendre leurs intérêts. Et, la première stratégie identifiée est le regroupement dans une cohésion à faire rougir de jalousie. L’Assemblée générale du 5 janvier 2013 est bien partie pour la consécration de l’union sacrée des artistes maliens. Certes initiée par l’UAAPREM dirigée par l’artiste Salif Keita, l’on a pu remarquer la présence de plusieurs membres de la FEDAMA à cette assemblée générale et non des moindres.
L’artiste Amadou Bagayogo, Président de la FEDAMA était en compagnie de son épouse Mariam Doumbia. En plus des artistes musiciens, il faut dire que la plupart des disciplines artistiques et culturelles étaient présentes à cette Assemblée générale. D’entrée de jeu, le doyen Ntji Diakité, après avoir rappelé toutes les difficultés dans lesquelles vivent la plupart des artistes maliens, toutes disciplines confondues, a révélé l’Assemblée générale a pour but de les mobiliser pour qu’ils se donnent la main pour prendre en charge la défense de leurs intérêts. « Nous allons installer des bureaux dans toutes les communes du pays pour prendre en charge la défense des intérêts des artistes du Mali », a-t-il indiqué. Pour sa part, Mamoutou Keita a rappelé les grandes lignes du cahier de doléances que l’UAAPREM a déposé sur la table du ministre de la culture le 25 août 2012.
« Les artistes du Mali connaissent de plus en plus une situation de précarité indispensable due à l’absence de production, faute de producteurs, au phénomène de la mondialisation, de la piraterie due au développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication, à la mauvaise maitrise du marché discographique malien et du manque de contrôle au niveau du cordon douanier de l’entrée dans notre pays de matériels informatiques : clés USB, MP3, etc. », a-t-il déclaré pour camper le décor.
A cette déconfiture, il faut ajouter le non payement par les radios libres du minimum de droit d’exécution publique, alors que leur programme utilise 80% ou plus de musique, toutes origines confondues. Il a aussi dénoncé le manque de collaboration avec les deux sociétés de téléphonie mobile Malitel et Orange Mali qui distribuent comme sonnerie la musique et la mauvaise maitrise du nombre et des sites d’implantation des cybers café tant à Bamako qu’à l’intérieur du pays. Selon lui, tout cela a contribué à tuer la production musicale et par extrapolation artistique et culturelle.
« Aucune œuvre, qu’elle soit audio ou visuelle ne s’achète désormais, les utilisateurs et consommateurs de sons et d’images n’ont plus besoin d’acheter des supports, ils se l’envoient par le net ou par Bluetooth, etc. », a-t-il regretté. Avant de se poser un certain nombre de questions : Faut-il arrêter de composer, de créer, d’enregistrer et de produire ? Les artistes doivent-ils changer de profession ? De quoi devront-ils désormais vivre dans cette jungle où ils n’ont plus de place ? Sûrement non. Parce que l’UAAPREM a une batterie de solutions qui commencent par l’union des artistes. L’avenir nous édifiera.
Assane Koné
Le Républicain Mali 07/01/2013