Cuba: un dissident condamné à trois ans de prison

Le dissident cubain Eduardo Cardet, emprisonné depuis quatre mois, a été condamné lundi à trois ans de prison pour « agression » contre un agent de l’Etat, a rapporté sa famille qui dénonce un procès politique.

« Ils lui ont appris sa condamnation en prison et l’ont autorisé à appeler la famille pour nous informer », a indiqué par téléphone à l’AFP sa belle-mère Marlenis Leiva, protestant contre ce qu’elle a qualifié de « parodie » de procès.

Le coordinateur national du Mouvement Chrétien Libération, fondé par le dissident Oswaldo Paya décédé en 2012 dans un accident de la route, avait été arrêté le 30 novembre devant son domicile de Velasco, dans la province d’Holguin (est).

En réclamant sa libération en janvier dernier, Amnesty international avait souligné que M. Cardet avait été interpellé après avoir émis de vives critiques dans des médias étrangers contre le père de la révolution cubaine Fidel Castro, qui venait de décéder cinq jours plus tôt.

Lundi, un juge a condamné ce médecin de 47 ans à 36 mois de prison ferme pour « agression » d’un représentant de l’Etat au moment de son arrestation, ce que dément formellement sa famille, précisant que M. Cardet ferait appel dans le délai requis de 10 jours.

« On va voir s’ils réduisent sa peine ou s’ils le libèrent, ce qui serait véritablement juste », a déclaré Mme Leiva, estimant que son gendre « est emprisonné pour ses opinions politiques ».

Comme c’est habituellement le cas au sujet des dissidents, gouvernement et médias d’Etat n’ont pas commenté ces informations.

Interdite par les autorités et privée d’accès aux médias officiels, la dissidence est considérée par les autorités cubaines comme un groupement de « mercenaires » manipulés par des intérêts étrangers.

Selon la Commission cubaine des droits de l’Homme (CCDH), Cuba comptait dans son dernier décompte de juin 2016 un total de 82 détenus « pour motifs politiques ou poursuivis et condamnés dans le cadre de procédures politiquement motivées ».

Seule organisation à tenir un décompte dans un pays où les procès se déroulent à huis clos, avec des avocats payés par le gouvernement et des condamnations très rarement publiées, la CCDH est considérée comme sérieuse. Mais les ONG internationales telles qu’Amnesty International ou Human Rights Watch ne reprennent pas cette liste à leur compte, faute de pouvoir dépêcher leurs représentants sur l’île.

La CCDH, officiellement interdite mais tolérée par les autorités, a dénombré en 2016 9.940 arrestations pour motifs politiques, contre 8.616 en 2015. La plupart des détentions sont de courte durée et concernent le plus souvent le mouvement dissident des Dames en Blanc.

(©AFP / 21 mars 2017 12h34)