Ils l’ont fait savoir le samedi 7 juillet 2012 au Centre international de conférence de Bamako (CICB). Comme si c’était un contre sommet, cette conférence de presse se tenait au moment même où se déroulait à Ouagadougou (en terre burkinabé) un mini-sommet sur les défis de la transition malienne.
Mini-sommet auquel les partis de Me Mountaga Tall (Cnid/Faso yiriwa ton), Housséini Amion Guindo (Codem) étaient pourtant invités, puisque présents à l’Assemblée nationale. Mais ils n’ont pas répondu au rendez-vous ayant estimé qu’il n’y avait pas lieu d’aller discuter de la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, à un moment où le pays n’en a pas besoin.
Du coup, les composantes de la CSM ramenaient aussi le mini-sommet à la seule question de gouvernement alors que celle-ci était parmi tant d’autres. Et à la conférence de presse de la Convergence pour sauver le Mali, on a pu se rendre compte que le seul souci qui vaille est de sauver l’équipe de Cheick Modibo Diarra, puisque dans une déclaration remise à la presse, on ne parle que de gouvernement.
Quand une autre partie de l’opinion nationale et la communauté internationale s’accordent à dire qu’il faut un gouvernement d’union nationale comme stipulé dans l’accord-cadre, Me Tall et ses amis expliquent : « L’accord-cadre a permis une relative sortie de crise, mais n’a presque jamais été appliqué y compris par ses signataires (exemple de la désignation du président de la transition ou encore de la fixation de la durée de cette même transition alors que l’accord-cadre ne précisait pas cette disposition) ; cet accord est à prendre pour ce qu’il est, un moyen de sortie de crise avec la possibilité pour les acteurs de prendre les décisions complémentaires appropriées permettant d’avancer en consolidant les acquis et en prenant les initiatives nouvelles qui s’imposent ».
Quand on trouve que le gouvernement n’est pas légitime et ne contient pas toutes les sensibilités politiques contrairement à la précédente transition de 1991, la CSM répond ceci : « Le gouvernement et les organes constitués après le coup d’Etat de 1991 ont clairement écarté tous les acteurs du régime précédent dont une bonne partie n’a eu d’autre choix que de se recycler dans les partis vainqueurs de l’heure dont principalement l’Adéma ; si on appliquait la même règle en 2012, ceux qui réclament la chute du gouvernement actuel ne seraient même pas des acteurs politiques a fortiori réclamer de faire partie du gouvernement de transition ».
Et aux partis politiques du FDR qui se croient majoritaires, Me Tall dans sa déclaration est sans pitié : « Ceux qui se réclament majoritaires aujourd’hui ont vu l’écrasante majorité de leurs responsables élus à travers des scrutins avec des taux de participation ridicules (autour de 15 % à Bamako par exemple), ils n’ont même pas été capables de présenter un candidat à la dernière élection présidentielle de 2007 au profit d’un candidat sans parti politique (Ndlr : ATT) et surtout ont remporté des scrutins (municipale et législative) où les fraudes, les achats de conscience et les tripatouillages en tous genres ont été la règle. Peut-on parler de majorité ou de légitimité dans un tel contexte ? Il s’y ajoute que nous sommes en fin de mandat pouvant aboutir à des changements de majorité comme en Côte d’Ivoire ou au Sénégal ».
Le gouvernement actuel n’est pas compétent et expérimenté ? Me Tall ne le croit pas. Le gouvernement actuel tâtonne et ne s’attaque pas à la question du Nord ? Me Tall trouve que c’est non et interroge le peuple malien : « A-t-on oublié le détricotage méthodique et assassin de notre armée pendant dix ans suivi par sa gestion calamiteuse faite de passe droits, de recrutements fantaisistes et de toutes les formes de malversation pendant dix autres années ? Quel est le gouvernement ou l’autorité même internationale qui peut résoudre cette question en deux mois alors que pendant 20 ans on a laissé au moins la 8e région de notre pays fonctionner comme une République autonome au sein du Mali ? »
Le gouvernement actuel laisse le médiateur seul négocier sur le dossier du Nord ; le Premier ministre méprise la classe politique, sont là une pure diversion pour la CSM qui pense qu’il y a lieu de maintenir l’actuel gouvernement par le fait que la division de la classe politique et de la société civile ne permet pas un gouvernement d’union nationale ; le gouvernement d’union nationale n’est pas un gouvernement de combinazione politique ; la stabilité est indispensable pour s’attaquer aux questions du Nord ; la déstabilisation de la transition et le chaos ne sont pas à exclure en cette période particulièrement sensible.
A la CSM on est aussi convaincu qu’on peut appuyer et collaborer avec le gouvernement sans forcement en être partie ; on se dit aussi respectueux des chefs d’Etat de la Cédéao, mais que ceux-ci doivent aussi respecter les Maliens en acceptant de venir discuter de l’avenir de notre pays chez nous. « Quand ça tirait à l’arme lourde à Abidjan, cela n’a pas empêché les chefs d’Etat de s’y rendre ».
La CSM préconise une conférence nationale à l’instar du reste des acteurs de la crise. « Pourquoi les Maliens ne peuvent pas s’asseoir et se parler ? », s’interroge-t-elle.
Abdoulaye Diakité
L’Indicateur du Renouveau