Le tourisme à terre
Les hôtels de renon qui ne se désemplissait pas et où il était quasiment difficile d’avoir parfois de réservation pour les chambres et les salles de conférence sont presque aujourd’hui vides. Pour la majorité des agents des services concernés rencontrés qui ont requis l’anonymat, le manque de clientèle actuel est l’apanage de la crise sociopolitique qui perdure depuis bientôt trois mois. « Si les clients se font rares, il n’y a pas assez d’activités donc l’argent ne circule plus, aucun hôtel à Bamako n’est épargné par cette crise. Alors cette crise économique va se répercuter forcement sur l’employabilité du personnel. Beaucoup d’ouvriers risquent d’aller en chômage malgré leur innocence », ont martelé nos interlocuteurs. Selon un agent rencontré à l’hôtel Bouna, la réticence des touristes ne date pas d’aujourd’hui. Cette réticence des touristes remonte, a-t-il fait savoir, depuis les premiers otages pris dans le septentrion par Aqmi et qui ont défrayé la chronique.
L’histoire du ressortissant français, Pierre Camatte, en est un exemple. Les étrangers sont donc de plus en plus réticents. Mais la présente situation sociopolitique est venue accentuer la méfiance des touristes en destination du Mali. Dans cet hôtel –Bouna- il y a 32 chambres ici mais nous n’avons pas atteint les 15% d’exploitation de ces locaux depuis que la crise a commencé, nous a fait savoir A S notre interlocuteur. Selon lui, l’employeur est obligé de procéder à la mise au chômage technique de certains employés avec une certaine amertume dans la voix. Les ressortissants étrangers sont presque tous rentrés pour de bon jusqu’à la normalisation de la stabilité dans le pays. Il s’agit notamment des européens, des américains, asiatiques et même certains africains. Pour lui, les responsables maliens doivent revoir leur copie pour changer le cadre de vie des hôtels. Pour notre interlocuteur, les autorités compétentes doivent faire en sorte que les hôtels puissent tourner même en l’absence des touristes c’est-à-dire en les rendant accessibles aux nationaux. Un autre agent rencontré au niveau de l’Azalai Hôtel Salam ne dit pas le contraire. Selon ce dernier, son département n’a pas très vite senti les effets de la crise car les autorités avaient pris pour QG cet hôtel au lendemain du coup d’Etat notamment le président de la République par intérim et certains membres du gouvernement et leurs hôtes (émissaires de la CEDEAO). Mais actuellement, l’hôtel a du mal à retrouver son lustre d’antan, nous a-t-il indiqué. Toute chose qui nécessite le départ de certains employés, a-t-il ajouté.
Les journaux focalisés sur la crise
La diversification de l’information enrichit le contenu et fait vendre mieux un journal. Depuis le début de la crise politique et institutionnelle déclenchée suite au coup d’Etat du 22 mars, les activités institutionnelles sont au ralenti. Le journaliste du petit matin ne sait plus où aller pour chercher l’information au quotidien. Les hôtels et centres d’animation étaient sa plaque tournante pour enrichir le contenu de son journal. Maintenant, il est obligé, d’une part de procéder à des analyses forcées sur la situation actuelle ou de faire le décryptage, d’autre part, des interviews passées sur la Rfi pour combler un vide dans le journal.
Moussa Dagnoko
Le Républicain Mali 06/06/2012