En effet, au-delà des griefs officiels soulevés par les contestataires du M5-RFP, il semble que certains non-dits soient des raisons du mécontentement contre la gouvernance IBK.
L’on se gêne à le dire publiquement, mais il semble que le rôle joué dans la gouvernance actuelle par le fils du président IBK, Karim Kéita soit un objet de frustration des Maliens.
En effet, depuis l’ouverture démocratique, les Maliens n’ont jamais senti autant d’influence d’un fils du président de la République du Mali. Si se faire élire député pouvait être accepté pour le fils du président IBK, le fait de se faire coopter président de la Commission Défense de l’Assemblée Nationale a probablement été ressenti par nombre de Maliens comme un indécent trafic d’influence. Surtout qu’en début de la 5ème législature, Karim Kéita s’est fait élire président de cette Commission devant feu le Général Niamé Kéita, député élu à Nara, qui convoitait légitimement ce poste stratégique de l’Hémicycle. Ce qui a énormément frustré l’élu RPM de Nara, qui se contentera de la vice-présidence de la Commission des Affaires étrangères avant de finir par démissionner du parti présidentiel pour diverses raisons.
Ce positionnement du fils aîné d’IBK dans l’attelage politico-administratif de la loi d’orientation et de programmation militaire a dérangé plus d’un dans le schéma institutionnel du pays. Combien de fois l’on a senti des ministres, en particulier celui de la Défense et son collègue de la sécurité visiblement gênés de devoir répondre aux « invitations » du fils du chef de l’Etat à venir s’expliquer devant la Commission Défense ? Cela ressemblait au malaise observé à voir le fils de l’employeur requérir des explications d’un des employés.
Or, ces ministres et cadres administratifs étaient bien introduits dans des milieux économiques où le fils du chef de l’Etat était aussi très influent… L’un dans l’autre, Karim Kéita, dont le nom et celui de son jeune-frère, Bouba Kéita, étaient cités dans certaines opérations et transactions commençait visiblement à déranger de nombreux Maliens. S’y ajoutent les frasques réelles ou supposées des « enfants du Vieux » qui exacerbaient la colère des Maliens, qui souffraient du mal-vivre et de la gouvernance non irréprochable de leur père. N’a-t-on pas vu sur les réseaux sociaux des vidéos et autres images exposant la vie mondaine et les insouciances de ces jeunes et de leurs amis, dont des responsables étatiques ? Ces informations ont été pour quelque chose dans l’exacerbation de la colère contre la gouvernance du… vieux, qui est alors apparu aux yeux de l’opinion comme impuissant face aux dérives de ses progénitures.
Par ailleurs, l’élection récente du jeune Moussa Timbiné à la présidence de l’Assemblée Nationale, sous la dictée du président IBK, est aussi pour quelque chose dans la survenance de la crise sociopolitique malienne.
Il est abondamment murmuré que le député de la Commune V a été non seulement mal élu, mais qu’il est trop jeune, inexpérimenté pour assumer de si hautes responsabilités au sein de l’Etat. Faut-il rappeler que la plupart des pays, le perchoir de l’Hémicycle est souvent échu à de vieux routiers de la politique à l’instar de Moustapha Niass au Sénégal. Ce sont des ténors ayant un parcours politico-administratif reconnu qui parviennent à se faire élire président de l’Assemblée Nationale. Le fait que Moussa Timbiné semble à peine sorti de son parcours de leader estudiantin, du haut de ses 47 ans, ne semble pas recueillir l’assentiment de ll majorité de ses concitoyens. Plus d’un leader membre du mouvement de contestation M5-RFP fulmine contre ce qu’ils appellent « la nomination du président de l’Assemblée Nationale ». Ce qui les pousse du reste à réclamer vigoureusement la « dissolution de l’Assemblée Nationale, dont le président, martèle Issa Kaou N’Djim, « a été repêché» par IBK. Kassoum TOGO