La crise politique prend des proportions insoupçonnées qui n’arrangent ni les acteurs politiques ni le peuple. Depuis plusieurs semaines, le régime se montre agressif et l’opposition politique, malgré une incohérence dans sa lutte, ne baisse pas les bras. Vers où se dirige-t-on ? N’est-il pas nécessaire d’instaurer un dialogue sincère entre les acteurs politiques ?
Depuis la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle de juillet 2018, une crise politique s’est installée au Mali. L’opposition politique se dit victime du trucage de l’élection par le régime et dit ne pas reconnaître la légitimité du président IBK. Cela, malgré la proclamation des résultats définitifs par la Cour constitutionnelle et l’investiture du président de la République Ibrahim Boubacar Keita par la Cour suprême, pour un nouveau mandat de 5 ans.
Plusieurs marches pacifiques et meetings de protestations organisés par le camp de Soumaïla Cissé ont suivi l’investiture du président IBK. Depuis, la situation politique est devenue très instable. Et le gouvernement ne semble avoir de solution que de réprimer les manifestations. Il a alors interdit, via le gouverneur du District de Bamako, les manifestions à certains endroits stratégiques de la capitale malienne. Une interdiction qui a été suivie par la répression de tous rassemblements pacifiques à caractère hostile au régime dans la ville de Bamako. En violation du droit constitutionnel et démocratique de manifester.
Cet acquis démocratique est aujourd’hui violé par le régime 27 ans après la révolution de mars 1991. Il n’en fallait pas plus pour que les organisations de défense des droits de l’homme, les pays occidentaux condamnent, à l’unanimité, cet acte du gouvernement et appellent au respect des principes de la démocratie au Mali. La prise de position de la communauté internationale n’a rien changé de la décision du gouvernement. Car il continue à menacer les rassemblements et les manifestations pacifiques ainsi qu’à les interdire.
L’opposition politique incohérente dans sa lutte
Le régime a été mis dans une chaise confortable à cause de la mésentente au sein de l’opposition. S’ils étaient 18 candidats malheureux à faire bloc contre le régime entre les deux tours de la présidentielle, ils ne sont plus que quelques-uns à se battre pour se faire entendre. Il s’agit entre autres de Soumaïla Cissé, candidat de l’Urd, Dr. Choguel Kokalla Maïga du Mpr, Housseyni Amion Guindo de la Codem et Moussa Sinko Coulibaly de la Plateforme pour le changement.
Plusieurs autres brillent par leur silence à l’image de Cheick Modibo Diarra, Me Mountaga Tall du Cnid-Fyt et Modibo Kadjoké. Pendant ce temps, certains ont rejoint le régime comme Moussa Mara du parti Yelema, Harouna Sankaré et Mamadou Sidibé du Prvm Fasoko. Quant au candidat classé 3e au premier tour, Aliou Diallo, se veut désormais neutre. Estimant avoir été trahi par Soumaïla Cissé.
Ce dernier, au lieu de boycotter le 2ème tour de l’élection présidentielle, a accepté d’y aller contre l’avis de tous ses alliés. Le dernier à avoir quitté le navire de Soumaïla Cissé est le CDR de Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath. Le CDR pense que l’opposition n’est pas cohérente dans sa lutte.
À ces divisions s’ajoute l’incohérence de l’opposition politique. Car elle se dit contre le projet de découpage territorial, la prolongation du mandat du parlement, et dit même ne pas reconnaître la légitimité du président IBK. Et au même moment, elle vote pour la prolongation du mandat des députés. Ce qui reviendrait à aimer une chose et son contraire, selon plusieurs observateurs politiques.
Le peuple groggy
En l’absence de dialogue entre les deux camps (pouvoir et opposition), le peuple est comme tenaillé par la peur, du moins, groggy. Car, malgré les interdictions de manifestation et de rassemblement, l’opposition politique continue de défier le pouvoir. Dans une situation pareille, personne ne sait jusqu’où les acteurs peuvent amener le pays.
Une autre conséquence de cette crise est la situation économique très difficile voire intenable. Aussi, les partenaires hésitent à investir dans une pareille situation. Du coup, le pays se retrouve dans une situation d’impasse compliquant ainsi la vie du citoyen lambda.
Pour en sortir, les observateurs politiques estiment qu’un dialogue sincère entre le pouvoir et l’opposition est plus que jamais nécessaire.
André Traoré