CRISE MULTIFORME AU CENTRE DU MALI Les critiques et les propositions de L’Ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne, Dietrich Becker

Dans une interview accordée à notre confrère l’Indépendant, l’Ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne, Son Excellence, Dietrich Becker, en fin de mission au Mali (après 4 ans)  a dépeint la situation au Mali avant de donner ses recettes pour une sortie de crise au centre du pays qui connait une recrudescence de violence.

Aussi convaincu de ses recettes que cela puisse paraitre, le diplomate allemand, ne va pas par le dos de la cuillère pour livrer sa pensée après quatre années de bons et loyaux services de  son pays au bord du Djoliba. « Le problème du centre n’est pas seulement le résultat de l’influence du terrorisme, c’est aussi parce qu’il n’a pas été traité à la souche. Nous avons parlé du problème du nord et nous avons oublié qu’il y a des problèmes dans les autres coins du Mali, qui sont le centre et le chômage. Je pense que celui qui exploite cette situation au centre et qui empêche la mise en œuvre de l’accord fait le jeu des terroristes », a expliqué l’ambassadeur. Il ne manque pas aussi de faire des propositions de sortie de crise.

Les « il faut …de l’ambassadeur »

« A mon avis, il ne faut pas se concentrer sur le nord uniquement. Il faut aussi voir les vraies raisons de cette crise au centre du Mali. Il faut aussi parler des questions économiques et de l’accès aux ressources naturelles. Il faut développer le pays, pas seulement dans le secteur de la sécurité mais, également de l’économie, créer des emplois surtout pour la jeunesse, et, pour cela, il faut d’abord lutter contre la corruption pour que les investisseurs voient la possibilité de travailler au Mali et réduire ainsi le chômage. Il faut pour le centre une transformation de l’élevage traditionnelle en élevage moderne. Il faut aussi développer le secteur agro industriel et les investisseurs sont nécessaires pour cela ».

Pour lui, même si ce n’est pas le rôle de l’Etat, il doit créer les conditions pour les investisseurs. Avant de planter son couteau dans la plaie malienne en ces termes ; « Ici, à Bamako, il y a certes de l’insécurité, mais il y a trop de corruption et la justice malienne est déplorable ».

Son excellence Dietrich Becker pense également que, après quatre ans passés au Mali, qu’il comprenait mieux les problèmes du Mali. il dit en substance : « au début, je pensais que notre tâche était la sécurité et la stabilisation du pays grâce aux forces armées, la gendarmerie et la police, maintenant je pense que les questions économiques sont plus importantes… »

Il n’épargne guère certains acteurs maliens de la crise dans une diatribe digne d’un diplomate en fin de mission : «  je suis frustré quand j’observe la classe politique, les groupes armés au nord, qui font trainer la mise en œuvre de de l’accord de paix… »

No comment !

Hachi Cissé