Quand le président Dioncounda Traoré reviendra-t-il ? Personne ne le sait et comme l’intéressé lui-même ne dit rien… bonjour les spéculations et au revoir la confiance ! Toutes les conditions sont réunies pour que ce pays fasse l’objet de l’attention et de l’intérêt de l’ensemble des pays de la communauté internationale en général et ceux du continent africain en particulier, mais la valse-hésitation des Maliens, prolonge le suspense.
Naturellement, la logique aurait voulu que les premiers à se sentir intéressés par la crise au Mali soient bien ses proches voisins. Mais, ces derniers demeurent muets ou en tout cas, silencieux comme tétanisés par le drame qui se joue en temps réel. Dans l’ensemble, ils sont distants à tel point qu’on aurait de la peine à croire que certains d’entre eux partagent des milliers de kilomètres de frontières avec ce. Incompréhensible. A moins que…
Par rapport à la crise malienne, ceux qui se sont jusqu’ici montrés les plus actifs sont les présidents ivoirien, Alassane Ouattara, burkinabé, Blaise Compaoré, et béninois, Boni Yayi.
Que ce soit dans le cadre de la Cédéao ou de l’UA, ces trois dirigeants se démènent comme de beaux diables pour que le Mali, non seulement renoue avec l’ordre constitutionnel, mais pour qu’il retrouve aussi son intégrité territoriale. Cependant, il faut avouer que jusqu’ici, leurs efforts n’ont pas produit des résultats probants. Pis, au lieu de régresser, la crise en question prend chaque jour une tournure encore plus inquiétante, avec notamment la montée en puissance qu’y prend la dimension islamiste.
L’attitude des voisins directs du Mali est incompréhensible. En effet, il faut rappeler qu’au-delà de son appartenance à la communauté ouest-africaine, le Mali fait également partie des pays dits du Champ. Cette vaste bande de sable qui, depuis des lustres, baigne dans un climat d’insécurité chronique, par l’action d’islamistes et de trafiquants de tous poils.
Mais des principaux pays qui se retrouvent dans cet espace géographique caractérisé par le désert, l’Algérie et la Mauritanie font figure de puissances régionales. Deux pays dont les ressources et les moyens permettent d’avoir des forces susceptibles de limiter l’impact des islamistes qui écument la zone.
Ces deux pays paraissent avoir une attitude trouble dans cette crise. D’abord, il faut dire que si la crise a gagné l’ampleur qui est aujourd’hui la sienne, c’est certainement parce que les autorités algériennes et mauritaniennes n’ont jamais voulu s’impliquer sérieusement dans les différents processus destinés à enrayer le phénomène. Du temps d’ATT, on avait dit qu’elles en voulaient à ce dernier pour son manque de poigne et de fermeté à l’endroit d’Aqmi. Mais en réalité, c’est qu’Alger et Nouakchott optaient pour la stratégie du « chacun pour soi ».
Et depuis que MNLA, Ançar Eddine, Aqmi et les autres sont devenus les maîtres du Nord-Mali, les positions d’Abdelaziz Bouteflika et de Mohamed Ould Abdel Aziz sont plus qu’ambiguës. Le chef de l’Etat algérien notamment observe un mutisme plus que surprenant, dans la mesure où certains de ses diplomates, sont encore aux mains des ravisseurs d’Ançar Eddine.
Par ailleurs, on a du mal à comprendre qu’aujourd’hui Alger soit davantage porté sur l’approche par le dialogue, alors qu’il y a quelques semaines encore, il affichait une fermeté sans équivoque à l’égard des combattants d’Aqmi. Du côté de Nouakchott, les relations entre le pouvoir mauritanien et les sécessionnistes du Nord-Mali, qu’ils soient islamistes ou non, semblent plus que troubles.
Pourtant, selon plusieurs spécialistes, cette attitude des deux plus grands voisins de Bamako peut leur attirer de gros ennuis. Parce que tant que la paix et la stabilité seront menacées au Mali, les Algériens et les Mauritaniens notamment ne seront jamais tranquilles.
Boubacar Sanso Barry
L’ Indicateur Du Renouveau 04/06/2012