Crise malienne / Le Mujao occupe Douentza

Selon nos informations, l’entrée dans la ville de Douentza a été sans heurts, les islamistes du Mujao n’ayant rencontré aucune résistance en face. A l’entrée de Douentza, les éléments des groupes d’auto défense (Ganda Koy, Ganda Izo et mouvement national de libération du nord) ont obéi aux ordres des Jihadistes, en leur remettant les armes, après avoir appelé en vain pour avoir des renforts. Ce qui est un vrai paradoxe : vouloir du renfort sans être au combat. Ils ont été ligotés et deviendront peut-être des futurs combattants du Mujao.                           

La prise de Douentza à 190 km de Mopti est assez édifiante sur la réalité du terrain et un vrai message aux va-t-en-guerre. Ce ne sont pas des amateurs, volontaires soient-ils qui vont dissuader ces guerriers qui ont mis en déroute l’armée malienne. Le Mali a donc le choix entre lancer une guerre implacable avec des militaires former pour cela et aguerris, et non des amateurs. Et si nous n’avons pas d’armée à hauteur de mission, ce qui semble plausible, il n’y a pas de honte à négocier, pourvu que l’autre partie soit disposée pour ce faire. Au moins, cette négociation de « je t’aime, moi non plus » permettra de gagner du temps, en attendant d’avoir une armée répondant à la vocation de défense de l’intégrité territoriale et suffisamment équipée pour être à hauteur de sa mission.                           

Si les islamistes étaient restés assez distants de Douentza, mais lorgnant la ville depuis Gao où se trouve la base du Mujao, la messe semble être désormais dite par cette occupation. Car les hommes d’Oumar Ould Hamada (le chef des opérations du Mujao) ne se contenteront plus d’incursions d’une journée, mais vont s’installer durablement à Douentza. Est-ce pour lancer des offensives et progresser vers davantage le centre du pays ? En tout cas le poste avancée de l’armée malienne basé à Konna à 120 km de Douentza n’a pas réagi à l’entrée des combattants jihadistes à Douentza. Ce qui ne rassure pas sur la capacité de réaction militaire pour contrer une éventuelle avancée des combattants islamistes. Faut-il dialoguer ou laisser les groupes armés poursuivre inexorablement leur avancée ? Du nord Mali, ils sont désormais au centre. Le Mujao islamiste et Ansar Dine de Iyad Ag Ghali ne sont pas des indépendantistes, mais ils veulent le Mali Un et Indivisible, où s’appliquera la Charia, la loi islamique.                                           

Depuis la mise en déroute du MNLA par le Mujao en juin dernier, la force de persuasion de ce groupe de dissidents d’Aqmi, qui s’est fait connaitre en enlevant en avril dernier, des diplomates algériens, ne fait plus l’objet de polémique.                                         

« Aujourd’hui, nous sommes venus lourdement armés pour déloger les miliciens de Ganda-Izo afin de prendre le contrôle de cette ville de Douentza », a expliqué  samedi à Jeune Afrique, Oumar Ould Hamada, un chef militaire islamiste proche du Mujao, d’Ansar Eddine et d’Aqmi. « Nous avons ligoté les miliciens de Ganda-Izo et nous contrôlons la totalité de la ville de Douentza. Nous comptons y rester pour longtemps », a expliqué ce chef de brigade.                            

Depuis le mois de juin, les islamistes exercent au nord mali un contrôle total et y ont imposé la loi islamique. A Aguel hoc, en application de la charia, un couple a été lapidé à mort pour avoir eu des enfants hors mariage. Un présumé voleur a eu la main amputée à Ansongo et plusieurs personnes ont été frappées de cent coups de fouet à Tombouctou et Gao en application de la charia, pour avoir eu des relations extra conjugales, ou pour avoir fumé ou bu de l’alcool.                                                                                                

B. Daou