A trois jours du sommet de l’organisation continentale, le président malawite a, pour seule déclaration, dit, mardi, qu’il venait écouter les protagonistes de la crise. C’est à dire Laurent Gbagbo qu’il avait pourtant invité le 4 janvier à quitter le pouvoir ; Alassane Ouattara reconnu par l’UA comme le président légitime et Choi Yung Jin, le représentant de l’Onuci à Abidjan devenu un enjeu de la crise depuis sa certification des résultats proclamés par le Cei en début décembre. Dans le même temps, à Bruxelles, Christian Pradier, le chef de la mission des observateurs de l’UE remet son rapport définitif qui juge « crédible » la victoire d’Alassane Ouattara. Le recomptage des voix ? Ce n’est pas nécessaire, assure t-il compte tenu de la différence de plus 400 000 voix entre les finalistes du 28 novembre.
Un autre Chrisitian, Ceccaldi celui-là et avocat du camp Gbagbo, prend les choses d’un autre côté. Lundi, il a dénoncé le rôle de l’Onuci qui aurait outre passé son rôle, lui reprochant d’être passé de l’assistance électorale à l’arbitrage. L’Onu n’a pas vocation à certifier une élection, poursuit l’avocat qui avertit qu’il va poursuivre Ban-Ki Moon devant la Cour internationale de justice. L’Onuci, conclut Me Ceccaldi, doit « se soumettre au verdict du Conseil constitutionnel car la Côte d’Ivoire n’a pas renoncé à sa souveraineté ».
Autre mauvaise nouvelle pour Alassane Ouattara déterminé à asphyxier Gbagbo dans l’attente d’une action militaire qu’il sait sans doute plus facile sur le papier que dans la réalité : la sortie, mardi, du président ougandais qui, par son porte parole Tamale Murundi, critique vertement la position de l’Onu sur la crise ivoirienne. Il exige avant toute chose une « investigation indépendante sur le scrutin du 28 novembre ». Rappelant que le président Ougandais s’était longuement entretenu avec Jacob Zuma sur la crise ivoirienne lors de sa visite sud africaine, le week-end dernier, le porte parole s’est justifié en ces termes « le point de vue ougandais diffère de celui de l’ONU et de la communauté internationale sur la Côte d`Ivoire. Si les élections sont contestées, plutôt que de déclarer un candidat vainqueur, il est nécessaire de mener une enquête exhaustive pour savoir ce qui s’est mal passé ». La seule nouvelle encourageante dans cette crise à rebondissements provient de Nanan N’Dépo Didas, président du Conseil Supérieur des Chefs traditionnels de Côte d’Ivoire dont une forte délégation a été briefée lundi par Choi sur le processus de certification : « nous sommes pour la tranquillité dans le pays, nous ne sommes pas là pour juger et nous allons nous concerter très bientôt, pour trouver une solution à cette crise.» Il a sans aucun doute la bénédiction de ses concitoyens fatigués de la crise où la Côte d’Ivoire se trouve plongée depuis dix ans et que le scrutin du 28 novembre était supposé résoudre.
Adam Thiam 26/01/2011