Crise ivoirienne : L’intelligentsia malienne contre une intervention militaire

 

Ce n’était pas non plus, a-t-il dit, pour émettre un avis moral, fustigeant quelque groupe que ce soit. Auparavant, Younouss Hamèye Dicko, ancien ministre de l’Education, avait fait savoir que leur initiative procède de ce qu’après la crise post-électorale en Côte d’Ivoire, des pays se sont réunis pour envisager l’envoi de forces armées pour dénouer la crise qui s’était installée. Il a ajouté qu’ils sont contre toute action militaire et ont obtenu, pour la cause, la signature de 159 personnalités maliennes. Il a soutenu qu’une guerre en Côte d’Ivoire serait un désastre pour ce pays, pour le Mali et la sous région.

Sidi Mohamed Zouboye a lu la pétition qui constate la fragilité encore évidente du processus démocratique engagé dans nos pays, la faiblesse de la cohésion nationale dans nos jeunes Etats, le risque évident de guerre civile, de tueries massives et de grandes souffrances des populations innocentes que pourrait engendrer une intervention d’armées étrangères en Côte d’Ivoire pour départager les antagonistes. L’autre risque de déstabilisation pour l’ensemble de la sous région est le précédent qui serait créé par une intervention d’une armée étrangère, suscitée par des non africains, dans les affaires intérieures de nos fragiles indépendances.

La pétition datée du 1er janvier dernier demande avec force : ‘’au gouvernement du Mali de ne pas participer à une intervention armée en Côte d’Ivoire et l’abandon immédiat et définitif de toute intervention armée étrangère en Côte d’Ivoire, suite à l’élection présidentielle. ‘’ Mamaye Kassogué, pour sa part, a tenu à préciser qu’il ne s’agit pas de se prononcer pour ou contre un camp, mais contre le principe de l’intervention militaire. Il a soutenu que celle-ci est dictée par l’impérialisme, contre la souveraineté de la Côte d’Ivoire.

Dans la même veine, Aminata Dramane Traoré recommande la vigilance, pour une question de respect de la Côte d’Ivoire, pays frère, voisin, ami et souverain. Il a attiré l’attention des autorités du pays sur le coût considérable d’une intervention militaire en Côte d’Ivoire et a indiqué que l’initiative ne provient pas de nos Etats et que l’inverse serait inimaginable. Elle a pris l’exemple sur notre pays qui n’acceptera pas une telle situation et pour lequel ce sera tout sauf la guerre. Messahoud Lahdid a adopté le ton des prêcheurs : ‘’ Quand la case de votre voisin brûle, il faut l’aider à éteindre le feu.

Nous ne pouvons accepter la guerre en Côte d’Ivoire, car c’est comme si la guerre est au Mali. ‘’ Un autre intervenant, Me Mamadou Gakou a déclaré que leur position n’était pas naïve, car il y a bien eu des interventions militaires en Sierra Léone et Libéria, mais le  cas ivoirien intéresse les puissances occidentales,  vendeurs d’armes dont les économies ont besoin de ressources pour redynamiser ce secteur. ‘’ On va se battre, a-t-il précisé, pour enrichir des marchands d’armes. ‘’ Les initiateurs de la pétition étaient tous unanimes pour reconnaître qu’il faudrait une solution pacifique, basée sur le dialogue et la diplomatie.

Baba Dembélé

13/01/2011