Pour gérer le choc créé par la crise, les psychologues maliens prêchent pour une prise en charge psychologique des victimes. De plus, selon eux, la formation des populations en soutien psychosocial demeure un impératif.
Les membres de l’Association des jeunes psychologues du Mali (AJPM) et l’Association malienne de psychologie (Amapsy) ont animé une conférence de presse samedi dernier au cours de laquelle le rôle du secteur dans l’action humanitaire et la réconciliation nationale a été détaillé.
Les principaux conférenciers, tous deux psychologues, étaient Guida Séyo Waïgalo, secrétaire général de l’Amapsy, et Abocar Mahamane Kounta, président de l’AJPM.
C’est au tour du thème « le rôle des psychologues dans l’action humanitaire et la réconciliation nationale » que M. Kounta a entretenu les journalistes. Se fondant sur la situation qu’a connue le Nord du Mali, il a fait remarquer l’apport des psychologues nationaux qui a consisté à gérer les répercussions des crises humanitaires sur la santé mentale des individus et des communautés.
Et pour y faire face, les psychologues maliens se sont déployés auprès des populations de Tombouctou, Kidal, Gao et Mopti qui avaient développé des crises ou des problèmes psychologiques (stress, crise-panique, difficulté de concentration, troubles neuro-végétatives). Cette prise en charge a concerné aussi la capitale à travers les camps de déplacés de Niamana, Niamakoro et Baco-Djicoroni.
Les psychologues maliens étaient aux côtés des pèlerins maliens affectés par les événements dramatiques de Mina de septembre 2015 ainsi qu’auprès des ex-otages de l’attaque de l’hôtel Radisson Blu de Bamako. Sans oublier, leurs interventions lors des inondations qui ont fait de centaines de sans-abris dans les communes I et IV de Bamako en septembre 2013.
Cas de la réconciliation nationale
Pour ce qui est du « rôle des psychologues maliens dans le processus de réconciliation nationale », Guida Séyo Waïgalo a expliqué l’intérêt que sa corporation lui apporte.
« Nous nous intéresserons à la réconciliation en tant que processus. Elle prend du temps et le rythme ne peut être dicté. Elle exige un changement dans les attitudes, les aspirations, les émotions et les sentiments. Il n’existe pas une seule recette pour une réconciliation nationale. Chaque conflit et le règlement qui s’ensuit étant différent, le processus de réconciliation associé diffère de tous les autres même s’il existe des similitudes. Donc, il est important d’aider les gens à gérer l’impact des conflits sur eux », a-t-il précisé.
Selon lui, la cicatrisation de la crise doit être recherchée au niveau individuel tout en restant en contact avec le contexte social. « Chaque processus individuel de cicatrisation est unique. Les initiatives de cicatrisation doivent faire partie du processus socio-économique et culturel de l’après-guerre, reconstruisant le tissu socio-économique, aidant les victimes à retrouver leur identité et leur dignité », soulignera M. Waïgalo. D’où la nécessité, à l’en croire, d’une prise en charge psychologique des personnes victimes de violences.
Sur cette préoccupation, dira notre interlocuteur, le Mali dispose d’une expertise nationale (de psychologues) pour le travail de prise en charge psychosociale et la prise en charge psychologique.
A. M. C.