Sous le prétexte de se mobiliser pour le nord, nombreux sont les jeunes maliens de bonne foi qui n’ont pas hésité à se mettre à la disposition de milices à travers le pays. A côté des forces armées et de sécurité basées à Mopti, il y a deux ou trois milices qui se partagent le camp de Soufroulaye. Bien qu’ils soient à côté des militaires sur la ligne de front, la présence des milices dans la région de Mopti est au centre de plusieurs interrogations.
Au moment où des réponses claires ne sont pas encore trouvées à ces interrogations, l’on apprend que des jeunes maliens choqués, frustrés et humiliés par ce qui s’est passé et continue de se passer au Nord se sont constitués en milice, à Bamako du côté de Magnambougou-Sokorodji. Ils y faisaient leurs entrainements, dans une certaine tolérance, que nous estimons incompréhensible. Bien que le pays soit occupé dans sa partie septentrionale, seuls les éléments des forces armées et de sécurité doivent se trouver en possession des armes. Pour notre sécurité collective, les Maliens doivent souffrir de cette contrainte et accepter que la circulation ou la détention des armes de guerre par des milices soit prohibé avec la plus forte énergie.
Et, c’est sûrement cette quête de notre sécurité individuelle et collective qui a poussé les forces de sécurité à mettre fin aux entrainements de la milice. Des informations ont tenté de faire croire que les entrainements militaires de Sokorodji se faisaient avec la bénédiction, voire même sous le couvert de l’armée nationale. Notre source bien introduite dans les services de défense et de sécurité soutient le contraire. Selon elle, le camp d’entrainement à Sokorodji constituait une menace grave pour la sécurité intérieure de la capitale malienne.
Mieux, il a indiqué que c’est au cours d’une opération de sécurisation de Bamako et ses environs, effectuée dans la nuit du 24 au 25 aout 2012, que les forces de sécurité ont découvert l’existence d’un centre de formation militaire illégalement implanté à Sokorodji. Selon lui, au cours de cette investigation, il a été procédé aux interpellations de Mahamadou Diouara et Youssouf Ndaou, deux responsables trouvés sur place. L’officier des affaires publiques des forces de sécurité maliennes est formel : « Ils ont été appréhendés pour des besoins d’enquête ». Selon lui, l’existence d’un tel centre devrait faire l’objet d’une autorisation officielle. « A priori, on nous fait croire que ce sont des volontaires qui ont été recrutés pour aller combattre au Nord. Même dans ce cas de figure, les promoteurs auraient du informer les autorités », a-t-il indiqué.
Et d’ajouter : « l’armée malienne ne saurait tolérer de telles initiatives unilatérales, fut-il pour un élan patriotique de reconquête des localités du septentrion ». Selon notre interlocuteur, les seules brigades d’autodéfense qui vaillent aujourd’hui sont celles basées à Soufroulaye et à Sevaré. Estimant qu’elles sont mieux structurées avec des encadrements cohérents, il a conseillé aux miliciens de Sokorodji de rejoindre Sevaré ou Soufroulaye, si leurs intentions réelles se résument à la conquête du Nord, au lieu de disperser les forces. « Nous avons décidé du démantèlement de ce centre en plein cœur de Bamako. Les enquêtes sont en cours pour cerner les contours de cette initiative », a ajouté l’officier des affaires publiques des forces de sécurité maliennes.
Le Camp d’entrainement de Sokorodji, baptisé « Bouyan Ba Hawi » ou « plutôt la mort que la honte » encadrait 400 recrues dont une dizaine de femmes. Aujourd’hui, les éléments des forces de sécurité maliennes ont la preuve que ce groupe armé procédait à des exercices de tir à balles réelles au plateau de Sokorodji, sans se soucier des mesures de sécurité dans ce genre d’activités. Pire, l’officier des affaires publiques de l’armée malienne dit que cette milice comporte des déserteurs et des militaires en abandon de postes qui font office d’encadreurs. Aussi, compte tenu de son lieu d’implantation et de l’arsenal militaire composé de fusils de guerre, des grenades et des munitions, l’Etat malien ne pouvait pas cautionner pendant longtemps cette situation. « Aucune structure autre que les forces armées et de sécurité n’est encline à disposer d’un arsenal de guerre, sans une autorisation officielle. Elle constitue plus un danger qu’une solution à nos problèmes de sécurité », a-t-il conclu.
Assane Koné
Le Republicain