Entièreté voulant dire sortir des capitales régionales qui elles ne semblent pas poser de problèmes pour l’instant.
Entièreté impliquant aussi que les candidats puissent battre campagne dans la majeure partie des circonscriptions de cette zone.
Entièreté impliquant enfin tout autant le retour de nos compatriotes réfugiés – c’est idéal mais pas obligatoire- que le retour de la sécurité donc d’une ambiance propice aux campagnes électorales. Or de ces données, nous sommes encore loin. Il reste à l’armée à reprendre, au nom de l’orgueil national et la cohérence tout court, les positions qu’elle a notoirement perdues.
Or des batailles sont en cours dont celle de Tessalit, un verrou stratégique que plus d’un spécialiste considère comme un tournant pour le projet indépendantiste du Mnla ou la reprise en main des affaires du Nord par l’Etat. Une présidentielle sans le Nord ou limitée aux capitales régionales –dont sans l’essentiel des circonscriptions locales reste une possibilité et une possibilité d’autant plus envisageable qu’il commence à se dire que l’électorat total de ces régions n’est guère plus important que celui de trois communes du District. C’est peut être vrai mais le Nord c’est d’abord la signification politique et celle-ci prend nettement plus d’importance dans le contexte actuel de visées sécessionnistes.
Or la décision politique de sortir le Nord partiellement ou totalement du scrutin est tout aussi improbable que le retour à la normale suite à un dialogue inclusif et décisif dans les délais qui nous séparent de l’échéance de la présidentielle d’avril. Ce n’est pas très réjouissant comme perspectives. Mais il faudra sortir la tête du sable : les chances que le 8 juin, Att remette le témoin à un président élu sont plus que faibles.
Cesse t-il d’être président ce jour là pour autant ? Le juge constitutionnel nous le dira. Mais le président a dit à plusieurs occasions qu’il s’en ira quoi qu’il arrive. Même si dans le contexte actuel, il ne sera pas parti de la façon la plus historique possible ? Tout ce qu’on peut dire, c’est que les signes d’agacement et de lassitude qu’il montre sont ceux d’un homme pressé de passer la main.
A qui ? Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale et en tant que tel dauphin constitutionnel. Pas pour longtemps, car il a moins de deux mois pour tenir la présidentielle retardée Deux grandes questions se poseraient alors qui ne trouveraient leur réponse que dans un fétichisme constitutionnel susceptible ou d’un contournement consensuel de l’acte fondamental. L’un accepterait que le président intérimaire puisse être candidat à la magistrature suprême comme l’est Dioncounda Traoré en ce moment.
Ce qui veut dire que lui et son parti seront surveillés comme jamais quelqu’un ne l’a été et patatras à la moindre erreur. L’autre intégrera l’argument d’un Nord revenu à la paix et celui de se donner le temps d’avoir des élections les meilleures possibles.
En déniant au président transitoire que le dauphin constitutionnel sera devenu entretemps candidat à la présidentielle qu’il doit organiser. La force et la faiblesse des deux schémas sont avec le président intérimaire. S’il dit non à l’intérim, il faudra recourir à l’arbre à palabre, notre fière constitution ne prévoyant pas explicitement le double empêchement.
Adam Thiam
Le Républicain Mali 15/02/2012