Rien ne va plus entre les leaders de l’ex-rébellion et leur base. Une crise à l’origine des difficultés liées à l’application de l’accord pour la paix et la réconciliation.
Préférant des hôtels et villas cossues de la capitale, les chefs de l’ex-rébellion sont de plus en plus en déphasage avec la base. C’est le constat qui se dégage avec la situation qui prévaut sur le terrain où chaque décision prise en faveur de l’application de l’accord butte à des difficultés et contestations.
Pour mesurer l’ampleur de la contestation, il suffit de faire le rapprochement entre la tension qui entoure l’installation des autorités intérimaires.
A titre illustratif : au moment où le gouvernement et la médiation internationale s’apprêtaient à se rendre à Kidal pour installer le président du Conseil régional, une vive protestation est intervenue de la part d’une bonne partie de la population considérée comme la base de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).
La tension est liée au fait que les responsables de la CMA, en particulier Alghebass Ag Intallah, n’avaient pas préparé le terrain et qu’il y avait des préalables à gérer avec les hommes qui contrôlent l’Adrar des Ifoghas.
A Ber, autre fief de la contestation, la situation est identique. Ould Sidatt, très écouté avant, a perdu tout contrôle sur ses sujets. En raison de la tension qui perdure dans la zone et du fait que son autorité est constamment contestée, il n’a pas eu d’autre alternative que d’installer ses quartiers dans la capitale.
Idem pour Mohamed Djéry Maïga, voué aux gémonies par ses camarades du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) depuis le dernier congrès tenu à Kidal. Il en est de même pour Almou Ag Mohamed du Haut conseil de l’unité de l’Azawad (HCUA). Il n’a plus voie au chapitre aux yeux de ses anciens camarades.
Sur le terrain et au sein de la base, on estime que ses différentes personnalités choisies pour les représenter et défendre leur cause ont finalement pris la vie du bon côté.
Pis, elles ne font plus des restitutions à la base et se prélassent dans le luxe insolent à Bamako, à travers séminaires et bataille quotidienne pour siéger dans des structures juteuses (CSA, DDR, entre autres).
La contestation récurrente des décisions prises à Bamako est liée à cette crise de confiance entre les responsables de l’ex-rébellion et leur base.
A. M. C.