Ayant eu l’occasion de s’expliquer sur les stratégies de riposte contre la pandémie du covid-19, qui fait beaucoup de victimes dans notre pays, le ministre de la Santé et des Affaires sociales, Michel Sidibé a fait du verbiage sans convaincre. C’était le jeudi dernier face aux députés au CICB.
La séance plénière du jeudi dernier à l’Assemblée Nationale s’est essentiellement consacrée à l’examen et à l’adoption d’un texte de loi. Celui portant ratification de l’ordonnance N. 2020-15/P-RM du 5 mai 2020. Ce texte autorise la ratification de l’accord de financement signé à Bamako, le 14 avril 2020 entre le gouvernement du Mali et l’Association internationale de développement (IDA) concernant le projet d’intervention rapide d’urgence Covid-19 au Mali.
Cette loi consacre un prêt du Mali auprès de l’IDA, du groupe de la Banque Mondiale pour un montant de 7 740 000 000 F CFA. Le taux d’intérêt de ce prêt, dont le but essentiel est de « préparer, prévenir et répondre à la pandémie du covid-19 » est, à en croire le ministre, de 0,75%.
Et ce qui a dérangé les députés c’est que pour une question relative à la gestion des finances publiques, une question d’endettement, fût-elle relative au covid-19, c’est seulement le ministre de la Santé, qui représentait le gouvernement. Son collège de l’Economie et des finances n’a pas jugé bon venir donner des explications aux élus du peuple.« Pour éclairer sur un texte relatif à une dette financière, le gouvernement envoie le ministre de la Santé : Exactement comme prendre un footballeur comme expert d’athlétisme. Quand est-ce que nous allons sortir de l’amateurisme dans ce pays ? », avait dénoncé le député et ex-Premier ministre Moussa Mara.
Et le ministre de la Santé, ne maîtrisant pas les questions d’endettement, a plutôt fait du verbiage sur la riposte du covid-19, en se vautrant dans un auto-satisfecit qui contraste avec la réalité du terrain. « Dans cette riposte contre le covid-19, nous avons anticipé. Le président de la République et tout le gouvernement ont été dans l’anticipation… On n’a pas été pris de cours au Mali….Le président de la République a décidé de présider deux conseils supérieurs de défense consacrés à la riposte contre la pandémie… Dès le 2 janvier, un cordon aérien a été organisé et a permis d’examiner 600 passagers à l’aéroport… 36 000 personnes ont été examinées avant qu’on ait un cas au Mali… Nous avons été dans l’anticipation », déclarait le ministre Michel Hamala Sidibé. Sauf qu’il semble oublier que le mal s’étend sur le territoire national et les malades, malgré toute cette littérature, se plaignent. Et notre ministre de continuer : « En une année, j’ai été dans toutes les régions, sauf Taoudéni, je m’en excuse… Des cellules de crise ont été mises en place dans toutes les régions et les gouverneurs y sont fortement actifs. Toutes les dispositions sont prises en faveur des malades… Et des efforts sont intensifiés sur la prévention». Le ministre oublie de rappeler aux députés que les cas de covid-19 se multiplient à un rythme inquiétant et le Mali va atteindre bientôt 2000 cas, même s’il y a des guérisons. Avant de noter toutefois qu’ « il n’y a aujourd’hui aucune visibilité sur la fin de cette pandémie ». Qu’il faut par ailleurs « aller à une refonte du système de santé publique au Mali. Il faut aller à une loi de programmation sanitaire… Il faut qu’on change le visage de la santé au Mali… l’hôpital public du Mali est malade » Patati patata…
En définitive c’est un ministre Michel Hamala Sidibé, visiblement dépassé par les événements, qui tentait de donner des assurances au peuple. Cela à travers une prise de parole comparable à une… diarrhée verbale inodore, incolore et presque sans saveur de persuasion quelconque ou de conviction de ses interlocuteurs. Surtout qu’il était aidé dans sa tâche par des députés complaisants et godillots qui n’hésitaient pas à le féliciter pour « le travail abattu ». Dommage !
Kassoum TOGO