CRISE AU NORD DU MALI . Quand les mouvements armés s’en prennent aux infrastructures hôtelières


Devenue ministre de la culture, de l’artisanat et du tourisme, à la faveur du gouvernement dirigé par le Premier ministre Cheick Modibo Diarra, Mme Diallo Fadima Touré n’a pas de temps à perdre. « Peu de temps pour plusieurs missions », ce leitmotiv s’impose à tous les ministres du gouvernement de transition. Et, pour tous ceux qui veulent donner des résultats concrets, la consultation des acteurs de leur secteur s’impose. C’est dans ce contexte que Madame le ministre de la culture, de l’artisanat et du tourisme a initié une série de rencontres. Le 4 mai 2012, elle a rencontré une délégation de la Fédération de l’industrie hôtelière du Mali, conduite par son Président Salim Siby.

Après les civilités protocolaires, Salim Siby, a clairement déclaré : « Notre secteur est le plus sinistré en République du Mali ». Si tous les hôteliers du Mali sont aujourd’hui dans la même barque des difficultés, Salim Siby a posé le cas particulier des hôteliers du nord. Selon lui, les hôteliers du nord ont fui les villes pour se réfugier soit à Bamako ou dans des capitales des pays limitrophes.  Pire, il dira que l’outil de travail est pratiquement inexistant aujourd’hui. « Ils ont brûlé les hôtels. Ils ne veulent pas entendre parler d’hôtels », a-t-il déclaré. Si la situation des hôtels du Mali s’est aggravée à la faveur de la crise ouverte depuis janvier 2012, Salim Siby reconnaît que depuis deux ans ou plus, le secteur travers une crise exceptionnelle qui a obligé le gouvernement à voler au secours des hôteliers.

Selon lui, le département chargé de l’artisanat et du tourisme était parvenu à amener l’Etat à faire un effort pour l’effacement de la dette fiscale des entreprises hôtelières. Aussi, il dira qu’une intervention auprès des banques avait amené ces dernières à accepter des moratoires de payement et la même initiative avait été menée à l’endroit de l’EDM pour les factures de courant et d’eau. « Tout cet effort de l’Etat et des professionnels du secteur est aujourd’hui à l’eau et pire les envahisseurs s’en prennent à l’outil de travail », a-t-il déclaré. Avec ce qui vient de passer à Bamako, le tourisme d’affaires est mort au Mali pour un bon moment. Ajouté à cela la mort depuis des mois du tourisme de découverte, nul n’a besoin de microscope pour voir la misère du secteur.

Tout  porte à croire que le seul engagement et la seule volonté des professionnels ne suffiront pas pour remettre le secteur sur les jambes. Cela a été dit avec beaucoup de diplomatie à Madame le ministre. Après avoir rappelé les principes de laïcité du Mali, Madame le ministre a estimé que le pays est en grande majorité composé de musulmans. Et, pour cela, elle a exhorté les propriétaires de certains établissements à tenir compte des plaintes des populations. Elle a aussi estimé qu’il va falloir s’organiser pour avoir des moyens de communication pour dire notre vérité. « On doit se donner la main pour soigner l’image du Mali », a-t-elle conclu.

Assane Koné

Le Républicain Mali 07/05/2012