Le Professeur Dioncounda Traoré, Président de la République par intérim, a présidé le 17 avril 2012, à la place d’armes du camp du génie militaire, la cérémonie d’accueil d’environ 200 soldats maliens qui étaient prisonniers du mouvement Ançardine dans le nord du Mali. En présence de plusieurs officiers de l’armée malienne et de plusieurs membres du haut conseil islamique du Mali, accompagnés pour la circonstance par Monseigneur Jean Zerbo, archevêque de Bamako et de Daniel Coulibaly, responsable de l’église protestante du Mali, les soldats de retour n’ont pas caché leur joie de revoir les membres de leurs familles. Simple et modeste, et par moment émouvant, la cérémonie a eu trois temps forts : l’intervention de l’Etat major général de l’armée, celle de Mahmoud Dicko et celle du Commandant Amara Doumbia, responsable des éléments rentrés de Kidal. Après avoir remercié Dieu qui a rendu possible la libération des soldats maliens, Mahmoud Dicko a prié pour le repos de l’âme de tous les soldats tombés sur le champ de l’honneur.
Il a ensuite rappelé les péripéties des tractations qui ont abouti à la libération d’environ 200 soldats maliens qui étaient détenus par les hommes d’Iyad Ag Aly. Selon lui, depuis le 2 février 2012, le bureau exécutif du haut conseil islamique avait rencontré le Président ATT pour lui demander ce qu’il pouvait faire pour aider le Mali dans le contexte de la crise au nord. « Il nous a répondu que le problème c’était Iyad Ag Aly qui dit qu’il veut instituer une République islamique au Mali. Et, comme vous êtes des leaders musulmans, je crois que vous pouvez le ramener à la raison », a-t-il rappelé.
Avant d’ajouter qu’ils ont pris contact avec Iyad Ag Aly qui avait accepté de les rencontrer. « Nous avons voulu faire le déplacement, mais les autorités n’ont pas voulu », a-t-il déclaré. Malgré notre faux bond, Iyad Ag Aly nous a relancés et pour nous montrer sa bonne foi, il s’est engagé à libérer tous les prisonniers militaires détenus par ses hommes. « Après la prise des villes de Kidal, Gao et Tombouctou, nous l’avons contacté à nouveau. Il nous a rassuré qu’il maintenait son engagement de libérer tous les prisonniers, mais qu’il ne voulait pas les remettre à la Croix rouge », a-t-il indiqué. Avant de dire qu’il n’y a aucun lien de complicité entre le Haut conseil islamique et les mouvements armés au nord du Mali. Il a invité les maliens à une cohésion nationale pour sortir le pays de cette impasse.
« Il faut un dépassement de soi pour sauver le Mali », a-t-il déclaré. Au nom des soldats libérés, le Commandant Amara Doumbia a demandé une minute de silence pour tous ceux d’entre eux qui sont tombés sur le champ de l’honneur. Il a rappelé que depuis plusieurs mois certaines garnisons du nord du pays sont tombées sous le contrôle de certains groupes dont certains revendiquent la scission du pays et d’autres veulent l’instauration d’un Etat islamique. « Ces soldats ont cru défendre le Mali au prix de leur vie et ont parfois été victimes de trahison de certains de nos chefs. Mais en tout état de cause, nous restons des soldats de l’armée malienne et nous nous engageons pour la défense de l’intégrité de notre territoire » », a-t-il déclaré. Pour conclure, il a salué l’imam Yacouba Siby, chargé des affaires sociales du Haut conseil islamique du Mali et Cheick Moase Haïdara qui ont personnellement fait le déplacement de Bamako à Kidal pour négocier leur libération auprès des éléments d’Ançardine.
Assane Koné
Le Républicain Mali 18/04/2012