CRISE AU CONSEIL NATIONAL DU PATRONAT DU MALI La paralysie du secteur privé est désormais en gestation

Décidément, les nouvelles autorités de la transition ont du pain sur la planche et leur crédibilité risque de prendre un coup sérieux si elles ne s’assument pas. A peine sorti du bourbier de l’embargo économique imposé par la CEDEAO, après le coup d’Etat militaire qui a renversé le régime d’IBK, voici un autre embargo en gestation, celui des opérateurs économiques du secteur privé. Ils  menacent d’entreprendre une série d’actions qui paralyseraient totalement l’économie si le droit n’était pas dit dans l’affaire opposant les deux tendances au Conseil National du Patronat du Mali, CNPM. Des sources bien concordantes, le bureau dirigé par  Mamadou Sinsy Coulibaly, qui s’estime légitime et légal et comprenant la crème du secteur privé malien, serait en train de préparer des actions fortes allant de l’arrêt momentané   de toute collaboration avec l’Etat et de tout contrôle fiscal dans les entreprises, jusqu’à la suspension de flux financiers vers le trésor pendant 72 heures. La justice va-t-elle comprendre les enjeux en disant le droit, rien que le droit ? Les autorités ne pourraient-elles pas anticiper en usant de leurs pouvoirs et en préservant l’intérêt supérieur de la nation pour éviter que le pays soit paralysé ?

Depuis le 12 octobre 2020, date de la prise du pouvoir par la force de Diadié dit Amadou  Sankara à la tête du CNPM et cela sur la base d’une ordonnance gracieuse délivrée par le président du Tribunal de la commune 4 du District de Bamako, la crise au sein du patronat a pris une nouvelle tournure, celle de la bataille judiciaire. Si nul ne pourrait présager l’issue d’une telle bataille, il est clair que le poumon de l’économie qu’est le secteur privé risque d’en pâtir et avec lui tout le Mali. Selon des investigations  que nous avons menées, le camp Mamadou Sinsy Coulibaly prépare une démonstration de force dont l’objectif est de paralyser l’économie malienne et prouver à l’opinion nationale et internationale qu’il est le camp majoritaire. Notre source, bien introduite et ayant requis l’anonymat, nous a révélé certaines des actions que la tendance de Mamadou Sinsy Coulibaly entend mener, qui sont entre autres la suspension de tout paiement d’impôts et taxes, TVA, celle de livraison des médicaments dans les pharmacies, la suspension de toute diffusion de message à caractère publicitaire sur l’ORTM, la suspension de livraison des tickets d’essence, celle des flux financiers vers le trésor  pendant au moins 72 heures et la suspension de collaboration de tout contrôle fiscal dans les entreprises. ? Le hic est que ces actions envisagées par le Bureau du CNPM tendance Mamadou Sinsy Coulibaly ne concernent pas seulement les entreprises nationales, mais même les multinationales sont prêtes à suivre le mot d’ordre donné par le Bureau de Mamadou Sinsy Coulibaly. Les autorités maliennes vont-elles croiser les bras et être complices d’une descente à l’abime de l’économie malienne déjà fragilisée par la crise sanitaire et l’embargo consécutif au coup d’Etat ?

S’agissant du délibéré du tribunal de la commune 4, prévu pour ce vendredi 23 octobre 2020,  il doit être basé sur les principes du droit et non sur celui d’autres considérations. Que le juge chargé du dossier comprenne que le Mali Koura dont rêve une écrasante majorité des maliens a horreur de l’injustice, de la manipulation,  donc pour ne pas courir le risque d’être chassé comme un malfrat  par une population agacée, il doit dire le droit. Sans être dans les secrets de  délibération, nous suggèrerions au   juge d’annuler tous les deux bureaux, à partir du moment où tous les camps reconnaissent qu’il y avait des anomalies, voire des doublons  sur leurs listes, afin d’organiser une autre assemblée générale de renouvellement des instances du CNPM, cette fois-ci  sous la supervision des autorités compétentes. Elles doivent s’impliquer en tant que  premières garantes de l’unité, de la stabilité, de la paix et de la cohésion.

En définitive, le Mali ne peut plus subir une autre crise économique après celle liée à la pandémie du COVID-19 et de l’embargo de la CEDEAO,  au risque de disparaitre, au grand dam des autorités actuelles qui nous gouvernent. Elles sont interpellées pour qu’elles s’impliquent  afin que  La crise au CNPM ne prenne une autre tournure aux conséquences incommensurables.

Youssouf Sissoko