L’horizon est-il sombre pour le 2ème produit à l’exportation du Mali? De sérieuses menaces planent sur la prochaine campagne cotonnière, dont les objectifs de production sont fixés à 650 000 tonnes de coton graine. En effet, le Collectif des producteurs de coton, qui représente une frange non négligeable des cotonculteurs maliens, est on ne peut plus explicite, si ses doléances, au nombre de 4, ne sont pas satisfaites. Il s’agit de l’application pure et simple des textes régissant l’Union Nationale des Société Coopératives de Producteurs de Coton, sur laquelle Bakary Togola règne en maître absolu depuis 2007, du payement des ristournes aux producteurs, de la fourniture d’intrants de qualité et de l’abandon des poursuites contre des producteurs à Koutiala, suite à une plainte de l’ancien Président Directeur Général de la Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles (CMDT).
Cela, malgré l’augmentation substantielle (250 FCFA contre 237 FCFA l’an dernier) que le prix du kilogramme du coton graine va connaitre cette année. «Nous ne sommes pas contre une personne. Nous nous battons contre un système et pour l’application stricte des textes qui régissent notre faitière» nous a confié Gaoussou Sanogo, Président du Collectif des producteurs de coton.
En tout état de cause, les couleurs de ce boycott sont déjà annoncées, nous a-t-on dit, dans certaines filiales, comme celle de Koutiala, où une campagne de sensibilisation dans ce sens est intensément en cours. De sources proches du Collectif des producteurs de coton (qui doit rencontrer en principe le ministre de l’Agriculture, Kassoum Dénon, cet après-midi), opposé à l’inamovible Président de l’APCAM, des démarches similaires, comme un effet d’entrainement, sont envisagées dans les autres filiales.
Et pourtant, jusqu’à une date récente, personne ne pouvait imaginer une telle situation. Pour la simple et bonne raison que la nomination de Modibo Koné, en remplacement de Kalfa Sanogo à la tête de la CMDT, avait suscité chez les protagonistes l’espoir d’une gestion rapide de la crise. Comme pour s’affranchir de son prédécesseur, le nouvel Administrateur a revu la clé de répartition des ristournes à la hausse et promis de les payer en avril 2016.
Coup de tonnerre. A quelques jours du début de ces payements, le Président de l’APCAM annonce un report pour juillet, voire même aux calendes grecques. Toutes choses qui en rajoutent aujourd’hui à la colère de ces paysans, qui ne comprennent pas cette volteface. Mieux, pour apaiser la tension, Modibo Koné s’était engagé à retirer la plainte de Kalfa Sanogo, devant la justice de Koutiala, contre le Président du Collectif, Gaoussou Sanogo.
Quelques semaines après la tenue de ces propos, Gaston, comme le surnomment certains, demeure toujours assigné devant cette juridiction de Koutiala et peine à être fixé sur son sort. A cela s’ajoutent les intimidations et menaces contre certains producteurs. A Koutiala, ils sont 2 à avoir passé 15 jours en détention, dans le cadre des enquêtes ouvertes suite aux incidents qui ont émaillés une récente visite de l’actuel Administrateur général de la CMDT dans la capitale de l’or blanc.
Le coton va au-delà de Bakary Togola et du Collectif. C’est pourquoi les plus hautes autorités doivent s’impliquer pour résoudre définitivement cette 3ème crise, qui n’a que trop duré et qui intervient après celles de 1999 – 2000 à la filiale de Koutiala et de 2006-2007 dans les filiales de Bougouni, Sikasso et Fana, à la suite de la création du SYVAC.
Yaya Samaké
Source:22 septembre.