À défaut de prendre des sanctions, les Européens haussent le ton. Angela Merkel parle d’« annexion » de la Crimée, « dérobée » par la Russie. C’est en tout cas ce que rapportent des députés chrétiens-démocrates devant lesquels la chancelière allemande s’est exprimée. Selon eux, elle se serait montrée ferme, estimant qu’une telle évolution ne devait pas être acceptée.
Malgré sa prudence dans ce dossier, en raison de la dépendance énergétique de l’Allemagne vis-à-vis de la Russie, Angela Merkel aurait jugé que les conséquences négatives de sanctions contre Moscou devaient être acceptées. La chancelière aurait cependant plaidé pour une poursuite du dialogue avec la Russie en s’attachant autant que possible à ce que l’Europe parle d’une seule voix.
D’après le président de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), le ministre suisse des Affaires étrangères Didier Burkhalter, le référendum prévu dimanche 16 mars pour le rattachement de la Crimée à la Russie est « illégal » car il est en contradiction avec la Constitution ukrainienne. Par conséquent, a-t-il annoncé, l’OSCE n’enverra pas d’observateurs dimanche en Crimée pour superviser le référendum.
Le Premier ministre britannique David Cameron a de son côté averti qu’il y aurait des « sanctions dures si Moscou ne changeait pas de cap ». Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a, quant à lui, évoqué de « nouvelles sanctions » dès cette semaine. Il a cependant tenu à souligner que des propositions pour une sortie de crise pour une « désescalade » ont été envoyées à la Russie par l’intermédiaire du secrétaire d’État américain John Kerry. Si la Russie y répond favorablement, John Kerry ira à Moscou et à ce moment-là, les sanctions ne seront pas immédiates.
Soutien de l’UE à Maïdan
En attendant, les députés européens doivent apporter ce mercredi leur soutien aux révolutionnaires de Maïdan lors d’un débat au Parlement de Strasbourg et avec le vote d’une résolution. L’appui est avant tout symbolique, car le Parlement n’a pas de compétence en politique étrangère ; c’est le Conseil et la Commission qui agissent en la matière.
« Sur le plan diplomatique, on n’a pas de pouvoir, admet Jean-Paul Besset, eurodéputé Vert. Nous, on appuie, on essaie de contrôler, de tirer les signaux d’alarme. On s’agite le mieux possible. Surtout, on essaie de s’appuyer et de répercuter la parole des populations ukrainiennes au sein des institutions européennes ». Mais Jean-Paul Besset l’assure : « L’Europe est donc au rendez-vous d’un moment de l’histoire qui est très fort et où l’avenir des Ukrainiens est en train de se jouer. »
Les Parlementaires entendent bien mener des initiatives plus concrètes. Les conservateurs vont ainsi demander au Parlement européen de suspendre ses relations avec la Douma, le Parlement russe, jusqu’au retrait des troupes russes de Crimée.