Début mars dernier, alors qu’ils s’apprêtaient à parapher l’accord d’Alger, les leaders de la rébellion du Nord du Mali apprennent désespérément de la Haye, que la cour pénale internationale s’apprête à publier une liste de certains d’entre eux, susceptibles d’être traqués pour crime de guerre commis depuis janvier 2012 sur le sol malien. C’est donc, de bonnes sources, cette nouvelle aventure à eux réservée qui semblerait la cause réelle des attaques qu’ils multiplient encore, en signe du déluge universel ( ?).
Dans le nord du Mali où plusieurs imposteurs chefs terroristes à l’origine des horreurs infligées aux populations se sont restructurés en hommes laïques et repentis pour être acceptés sur la table des négociations, des pauvres innocents périssent dans des attaques et des attentats commis avec préméditation. En plus, les auteurs des crimes dans leurs actions, si confiants, n’hésitent pas à s’afficher avec leurs drapeaux tout en revendiquant avoir perpétré des attaques ayant fait des victimes en vies humaines.
A Bamako où le pouvoir central est agacé par faute de moyens militaires lui permettant de conquérir le nord, on se base d’un prétendu cessez-le-feu jamais respecté par la partie adverse pour expliquer son immobilisme et ses incapacités. Or, même si Paris et la mission onusienne qui semblent caresser les irrédentistes dans le sens du poil ne s’inquiètent pas des conséquences de leurs actes, la Cour pénale internationale, elle qui avait ouvert une enquête en janvier 2013 sur les crimes de guerre présumés commis depuis janvier 2012, commencent déjà à bouger le petit doigt. Avant même la signature de l’accord, la Cpi contacte certains Etats pouvant servir d’exil aux responsables touareg afin de les traquer pour être traduits à la Haye. De même que pour enquêter sur les crimes commis par des militaires maliens lors des évènements du 30 juin à Bamako, des enquêteurs de la Cour, ont séjourné sur toute l’étendue du territoire national ainsi que dans certains pays de la sous-région dans le but d’obtenir des éléments fiables pouvant être retenus comme preuves contre les responsables des groupes armés du nord du Mali.
C’est une décision qui découle de l’examen préliminaire de la situation au Mali que le Bureau a initié en juillet 2012 après la saisine de la Cour par l’ancien Président renversé en mars 2012.
Dans son premier communiqué, la Procureur Fatou Ben Souda annonce que «Depuis le début du conflit armé qui a éclaté en janvier 2012, les habitants du nord du Mali sont soumis aux grands troubles qui agitent leur région. Divers groupes armés ont semé la terreur et infligé des souffrances à la population par tout un éventail d’actes d’une extrême violence à tous les stades du conflit », qui se dit parvenue à la conclusion que certains de ces actes de brutalité et de destruction pourraient constituer des crimes de guerre au regard du statut de Rome le traité fondateur de la CPI. Ce n’est pas tout.
De son examen préliminaire Mme Ben Souda estime qu’il existe une base raisonnable pour croire que les crimes suivants ont été commis : (le meurtre, les mutilations, les traitements cruels, la torture, le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des biens protégés, les condamnations prononcées et les exécutions effectuées sans un jugement préalable rendu par un tribunal régulièrement constitués. S’y ajoutent les viols, les pillages qui continuent tous d’ailleurs à être commis par des groupes armés dont les leaders (commanditaires, co-auteurs ou complices) sont identifiés.
Depuis deux ans, l’enquête qui est maintenant approfondie dans le but de rendre justice aux victimes maliennes, tel que le réclament les organisations de Droits de l’Homme, a un rapport qui n’est encore pas public.
Au menu, le Bureau qui s’est au départ intéressé sur les crimes commis dans les trois régions du nord, devra publier deux rapports. Le premier, très attendu et causant déjà des soucis aux chefs rebelles et le second sur les assassinats fratricides entre militaires maliens de l’Armée régulière.
De nos sources qui estiment que le feuilleton des crimes internationaux commis au Mali a heurté la conscience humaine avec encore des attentats et des attaques qui continuent de faire de victimes, au service des responsables bien connus parce que révendiquant des victoires sur le Mali ou contre des civils innocents, connaitra une étape décisive.
Etant le cinquième pays africain après l’Ouganda, la République démocratique du Congo, la Centrafrique et la Côte d’Ivoire, à demander à la CPI d’enquêter sur des crimes commis sur son territoire, le Mali est enfin la prochaine destination de la Cpi à la traque des responsables présumés des crimes commis sur son territoire. En Ouganda, en RDC, en Centrafrique et comme en Côte d’Ivoire, plusieurs responsables rebelles et politiques ayant joué des rôles dans les crimes commis dans leurs pays respectifs, ont été soit arrêtés, en cours d’être jugés ou tout au moins entendus.
Au compteur, plus de 70 à 153 détenus maliens ont été exécutés en janvier 2012 par ceux qui ont revendiqué la boucherie d’Aghuel-Hoc. Des pillages et jusqu’à plus de 90 cas de viol vers début avril de la même année. A cela s’ajoutent les exécutions et les crimes commis par les terroristes d’AQMI et leurs alliés pendant l’occupation. Ensuite, s’y ajoutent les exécutions sommaires des administrateurs civils en mai 2014 où plus de 200 Maliens ont péri.
Et enfin, nous a-t-on indiqué, les attaques récemment perpétrés pourraient être un lot d’éléments accablant les responsables des groupes armés qui sèment la terreur depuis janvier 2012 au Mali.
Le Bureau précise que le Mali est le théâtre d’une rébellion armée depuis un an, à la suite de l’attaque, le 17 janvier 2012, de la base militaire de Ménaka, dans la région de Gao, par des rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Rapidement ralliés par les groupes islamistes Ansar Eddine et Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), alliés d’Al-Qaida au Maghreb islamique, ils avaient profité d’un coup d’Etat, le 22 mars à Bamako, pour prendre possession du Nord du Mali. Le MNLA a ensuite été évincé par les islamistes, qui ont mené lapidations et mutilations en vertu de leur interprétation ultra-rigoriste de la charia.
« C’est absolument mal réfléchir de croire que tous ces crimes commis au Mali resteront impunis », a commenté un responsable d’Amnesty international, très pressé de découvrir le contenu du prochain rapport du Bureau de la Cpi.
Autre fait qui agace ces leaders rebelles, à la tête des milices armées : ‘’Dans l’accord qu’ils ont refusé de parapher, il est prévu une phase applicative de l’accord, réservée à la poursuite de toutes les personnes, responsables et complices des crimes commis au Mali du fait de la guerre.’’
En attendant la publication officielle du rapport du Bureau, voici quelques responsables touaregs susceptibles d’être implacablement traqués par la cpi :
Il s’agit de :
- Mohamed AG Najim : Un ex militaire de l’Armée libyenne, ex chef d’état-major du MNLA, actuel chef d’état-major de la CMA. C’st lui AG Najim qui fut à la tête des rebelles ayant exécutés des militaires maliens en janvier 2012. C’est aussi lui qui était à la tête des combattants du MNLA ayant exécuté des administrateurs et fonctionnaires maliens en mai 2014. C’est encore lui qui commande l’ensemble des combattants recrutés aux rangs de la CMA.
- Cheick AG Aoussa: Fidèle lieutenant d’Iyad AG Ghaly, cheick fut l’un des fondateurs d’Ansar-Eddine. Il est d’ailleurs toujours en contact avec son patron Iyad et c’est lui Cheick qui était à la tête du renfort des terroristes venus épauler le mnla le 21 mai 2014 au gouvernorat de Kidal.
- Bilal AG Achérif : Secrétaire général du mnla, Bilal est un quadragénaire, membre fondateur du MNA puis désormais chef influent de la CMA. Basé au Maroc, il s’occupe des services financiers du mouvement.
- Sidi Brahim Ould Sidati : Cet autrefois arabe commerçant dans le nord du Mali, avait combattu les séparatistes venus de la Libye avant de subir un lavage de cerveau de la part d’un certain Ould hamaha( barbe rouge) qui le convainc de créer un mouvement au nom des arables. Ce qui deviendra plus tard le MAA. Actuellement, ses hommes se trouvent dans le même état-major que ceux du HCUA et du MNLA, autour de la CMA.
- Aghabass AG Intalla : Actuel patron de du HCUA( haut conseil pour l’unité de l’Azawad), Aghabass est un ancien d’Ansar-Eddine, devenu plus tard MIA avant de métamorphoser en HCUA en mai 2013 dans le but d’être accepté à la table des négociation à Ouagadougou comme étant un groupe qui a renoncé au terrorisme. Et pourtant, Alghabass a été un élément fidèle d’Iyad qu’il continue d’ailleurs à ravitailler en eau et nourriture via Kidal, selon des sources.
- Ibrahim Mohamed AG Assaleh : Ancien député du cercle de Bourem, Ibrahim est l’un des rares leaders de la rébellion à mettre pieds à Bamako après le putsch de 2012. C’était deux mois après l’élection d’IBK à la présidence. Connu pour ses voltefaces, AG Assaleh a dû claquer la porte du mnla pour créer la CPA (coalition du peuple de l’Azawad) en Algérie. Sa faute serait d’avoir tenu un double langage lors de leur première rencontre à Bamako avec le Chef de l’Etat.
- Mohamed Ag Aghaly: Parti-prenant à la rébellion déchue de feu Bahanga en 2006, Mohamed Ag Aghaly est un maître d’école qui a troqué son titre d’enseignant à celui d’un guerrier. Il est président du bureau politique du mnla et se charge des questions de recrutement des enfants au rang de la milice commandée par Ag Najim.
- Iyad Ag Ghali: Celui par qui tout est initié, Iyad demeure encore introuvable. Proche d’Aqmi, Iyad est le fondateur d’Ansar-Eddine et la courroie de transmission entre Aqmi et ses branches combattantes au nord du Mali. Il figure d’ailleurs sur la liste des terroristes les plus recherchés au monde.
Dans l’ombre :
Mohamed Djeri Maïga, Mahmoud Ag Aghaly, Moussa Ag Acharatoumane, Bouna Ag Attayoub, Machkanani Ag Balla, Assalat Ag Habi, Iba Ag Moussa et Mbareck Ag Akly.
A ceux-ci s’ajoutent des jeunes universitaires à majorité touareg, depuis, partis en Europe donner un coup médiatique à leur lutte. Il nous revient que ces jeunes dont il s’agit, ont été à la base de la progression des terroristes vers le centre du Mali où ces derniers ont commis plusieurs actes pouvant être retenus comme crimes de guerre.