Le ministre de l’Administration à couteau tiré avec le CRNOP
Après la création des régions de Taoudéni et Ménaka, en janvier 2016, conformément à la loi N° 017-2012 du 31 janvier 2012 portant création de 11 nouvelles régions, le Collectif des régions non opérationnelles (CRNOP), constitué des 9 cercles restants qui sont : Nioro, Kita, Nara, Dioïla, Bougouni, Koutiala, San, Bandiagara, Douentza, Ménaka et Taoudéni, exige l’érection de leurs circonscriptions administratives en région. A cette demande pressante dudit collectif, fortement soutenue par le chérif Bouyé de Nioro du Sahel, le ministre de l’Administration Territoriale, Tiéman Hubert Coulibaly, semble opposer un « niet » catégorique, arguant qu’à « Chaque fois qu’on crée une région, on dépense environ 10 milliards FCFA ». Autrement, il semble dire qu’il faut plus de moyens à l’Etat pour s’engager dans cette voie. Aussi comme alternative, il propose la relecture de la loi sur la création de nouvelles régions.
Une défiance de l’Etat malien vis-vis de ses propres engagements qui risque de coûter très cher au gouvernement. En effet, c’est la loi N° 017-2012 du 31 janvier 2012 portant création de 11 régions, adoptée par l’Assemblée Nationale, le 31 janvier 2012, et promulguée par le Président de la République, le 2 mars 2012, qui parle de la création, en plus du District de Bamako et des 8 régions existantes, de 11 nouvelles régions que sont : Nioro, Kita, Nara, Dioïla, Bougouni, Koutiala, San, Bandiagara, Douentza, Ménaka et Taoudéni.
Au total, il est prévu de passer de 8 à 19 régions administratives, avec la mise en place progressive des nouvelles régions avec leurs démembrements sur une période de cinq ans, pour tenir compte des contraintes financières, logistiques et de la rareté relative des ressources humaines, l’étendue de certaines régions et de certains cercles ne permettant pas la présence effective de l’administration pour répondre aux attentes des citoyens. Avec un petit calcul, on se rend compte facilement que les cinq ans promis pour l’opérationnalisation des nouvelles régions sont épuisés, et que seules deux régions (Ménaka et Taoudéni) sur les onze prévues, ont pu être opérationnalisées… par le pouvoir des armes !
Afin d’accélérer la mise en place des structures des nouvelles régions, les responsables locaux et leaders des localités concernées ont mis en place un collectif dénommé : « Collectif des Régions Non Opérationnelles » (CRNOP) depuis novembre 2016. Un collectif qui a déjà abattu un travail de fond en faisant des tournées de sensibilisation dans les localités concernées par cette opérationnalisation, et avait même menacé de boycotter les communales de novembre dernier. En mai, ses responsables ont été à Nioro du sahel pour faire comprendre au chérif BouyéHaidara le déni du régime actuel contre leur acquis depuis 2010 sous le mandat du Président ATT.
Le chérif de Nioro, déjà en froid avec IBK, est à 100% d’accord avec les objectifs du collectif, et se dit exaspéré par l’attitude du régime en place, quant à la mise en place des nouvelles régions, pourtant créées par la même loi qui a créé les régions de Taoudéni et Ménaka. Pour les responsables du collectif, il est clair que le Président IBK a peur que la France ne voit pas l’opérationnalisation des nouvelles régions comme une manière de saboter la mise en œuvre de l’accord d’Alger.
Les arguments avancés aujourd’hui par le ministre Tiéman Hubert Coulibaly ne constituent-ils pas un acte de défiance vis-à-vis des responsables du Collectif des Régions Non Opérationnelles ? Un Etat responsable nierait-il ses propres engagements ? Qu’est-ce que le pouvoir en place fait du principe de la continuité de l’Etat ? Avant de trouver une réponse à ces questions, tout semble se dérouler comme si quelque part, quelqu’un semble nous dire que pour avoir quelque chose dans ce pays, il faudra peut-être passer par la voie… des armes !
Salif Diallo