Ahmad al-Faqi al-Mahdi a été condamné à 9 ans d’emprisonnement. L’ancien chef d’Ançar Eddine à Tombouctou pendant l’occupation a été reconnu hier matin coupable de destruction de mausolées à Tombouctou par la Cour pénale internationale à La Haye.
Ahmad Al Faqi Al Mahdi, plus connu sous le nom de guerre d' »Abou Tourab », a été jugé coupable de la destruction de mausolées à Tombouctou par la Cour pénale internationale. L’ancien chef d’Ançar Eddine à Tombouctou pendant l’occupation a été condamné à 9 ans d’emprisonnement.
La Minusma a salué le jugement de la CPI dans un communiqué. Selon la mission onusienne, « ce jugement constitue une avancée dans la lutte contre l’impunité ». Toutefois, elle ajoute qu’il importe « que la justice, pour d’autres crimes graves, soit rendue afin que de nombreuses victimes puissent avoir droit à la vérité, à la justice et à la réparation ».
Lors de l’ouverture du procès, le 22 août dernier, Al Faqi a plaidé coupable et demandé « pardon » aux Maliens et aux populations de Tombouctou en particulier. Dans son réquisitoire, le bureau du procureur avait pris en compte « des circonstances atténuantes » pour l’accusé, reconnaissant toutefois qu’Al Faqi doit être puni.
Selon l’accusation, la peine de 9 à 11 ans d’emprisonnement qu’elle avait requis pour le présumé jihadiste s’inscrit dans le cadre de l’entente intervenue entre l’accusé et le bureau du procureur.
L’Association malienne des droits de l’Homme se dit « satisfaite du verdict ». Selon ses responsables, « c’est un avertissement pour ceux qui veulent nuire à la culture malienne ». Ils estiment toutefois que « la peine devrait aller au-delà de 9 ans ».
Selon Me Moctar Mariko, président de l’AMDH, « c’est une satisfaction parce que dorénavant tous les aventuriers, au nord, au sud et au centre du Mali, apprendront qu’on ne s’en prend pas impunément à la culture malienne, aux mausolées maliens, sans être puni. De l’autre côté, je vais dire que cette peine n’est pas assez dissuasive parce qu’on aurait quand même dû aller au-delà de 9 ans. Et surtout, quand on sait que le nombre passé en prison sera déduit des 9 ans. Donc il ne lui restera que 8 ans. Nous pensons que la Cour pouvait aller au-delà de 9 ans. Il y a quand même une petite lueur dans la situation du Mali qui nous permettra de dire que la Cour a tenu compte de beaucoup de choses. Et que la Cour sera un instrument qui est là, et comme une épée sur la tête de tous ces aventuriers et criminels ».
La condamnation d’Al Faki a suscité un soulagement chez les habitants de Tombouctou même s’ils s’attendaient, disent-ils, à « une peine plus lourde ». Toutefois, ils interpellent les autorités du pays, car, selon eux, « la justice tarde à être effective dans le Nord du Mali ».
Abdoulaye Touré président du Réseau de victimes de Tombouctou, ajoute : « Ce verdict, on s’en souvient, a été négocié. Quelque part on aurait dû avoir une peine plus lourde. On aurait aussi souhaité voir la CPI prendre en compte les autres charges contre Al Faqi. Il s’agit notamment des charges par rapport aux violences, aux mariages forcés et tout le reste. On aurait aussi souhaité voir la CPI prendre des décisions par rapport aux mesures réparatrices pour des familles, des mausolées et pour les victimes, pour des réparations collectives. D’autre part, les victimes attendent beaucoup surtout de nos autorités maliennes. La justice tarde à être effective ici dans les régions du Nord. Nous sommes aussi en attente des commissions par rapport à la loi 025 de l’indemnisation qui a été sur papier mais qui n’est pas opérationnelle puisqu’on est dans beaucoup d’attente par rapport à la CVJR qui est à Bamako mais qui n’est pas encore opérationnelle dans nos régions ».
Studio Tamani