Quatre personnes de nationalité nigériane, venues au Mali le 21 mai 2016, à savoir, Olivier Mmanduka Emekaronye, Athantuis Okezie Nnadji, Okeduiku Nny et Friday Ifeany Elu ont été fixés sur leur sort, le vendredi 6 mai 2016 par la Cour d’assises dans son audience du vendredi 6 Mai 2016. Toutes ces personnes avaient été accusées d’association de malfaiteurs, vols qualifiés et détention de stupéfiants.
Le 21 mai 2014, ces accusés sont arrivés au Mali pour expérimenter un mode opératoire de vols dans notre pays. Ils suivaient généralement les clients qui partaient faire leurs opérations dans les banques. Ceux-ci sont victimes alors de crevaison de leurs pneus de voiture par des pointes agrippées à un morceau de chaussure « baby » afin de dérober leurs sacs. Il est à rappeler que les accusés opéraient à bord de deux motos.
Beaucoup de clients furent alors victimes de ces malfrats. C’est ainsi que la Police du 14ème arrondissement est parvenue à mettre le grappin sur ces quatre Nigérians et ont découvert chez eux un téléphone Ipad appartenant à une victime et du cannabis.
A la barre, les accusés ont tous nié les faits qui leur étaient reprochés prétendant qu’ils ne savent pas ce qu’ils ont commis comme infraction.
Certaines victimes ont donné des explications par rapport à leur cas. Il s’agit notamment d’Amadou Doumbia qui déclara avoir été victime du vol de son sac contenant une certaine somme d’argent, des passeports de sa femme et de son enfant qui devaient partir pour la France.
Quant à Issa Coulibaly, « lorsque je quittais la BNDA pour une opération de 32 millions de FCFA, ces bandits sont venus me coincer au niveau du Bureau du Vérificateur Général. Je me suis battu avec l’un d’entre eux qui est présent ici à la barre. C’est quelqu’un que j’ai pu identifier, c’est le nommé Okeduiku. Après le vol de mon argent, j’ai déposé une plainte. L’action s’est déroulée début Mai 2014 ».
Déposition de la 3ème victime du nom de Mountaga Koné : « le 14 Mai 2014, j’ai été à la BMS-Sa pour un retrait de 10.750.000 de FCFA. Après l’opération, j’ai mis l’argent dans un sac noir pour prendre la direction du Grand Marché. Quelques minutes plus tard, j’ai constaté qu’il n’y avait plus d’air dans les roues arrière de ma voiture. Je suis sorti et je ne voyais plus mon sac comme par miracle. Une fille de passage m’a alerté de la prise de mon sac par deux individus qui étaient sur une moto Djakarta. J’ai déposé alors une plainte au niveau de la Brigade d’Investigations et au 14ème Arrondissement ».
Abdoul Karim Koné et Mme Dembélé Tincho Clotilde ont tous été aussi victimes de pareils mésaventures lorsqu’ils procédaient à des opérations bancaires. Tous avaient porté plainte.
L’avocat de la partie civile, Me Modibo Sidibé, affirmera que la confusion de date ne compromet en rien leur culpabilité. Il s’agit, ici, des accusés venus au Mali le même jour, par le même car, n’ayant pas les mêmes cachets et signatures sur leur passeport, logés dans le même hôtel, arrêtés le même jour, ayant utilisé les mêmes motos. Par conséquent, toutes les preuves sont établies, a plaidé Me Sidibé qui demanda à la Cour de les retenir dans les liens de l’accusation.
Le ministère public, représenté par Modibo Simbo Konaté, s’est engouffré dans la brèche ouverte par l’avocat de la partie civile pour demander à la Cour de retenir les accusés dans les liens de l’accusation et de leur infliger une peine d’emprisonnement de 5 ans ferme.
L’avocat de la défense, Me Amadou B Touré, lui soutiendra que les dossiers de ses clients ont été bâclés. « Ce n’est pas au Mali qu’on pourra prouver la fausseté de leurs dossiers, puisqu’ils ils détiennent des passeports nigérians. Nous reconnaissons seulement le vol commis sur la personne de Amadou Doumbia dont l’Ipad a été retrouvé dans la chambre de mes clients » a argué Me Touré.
La Cour, présidée par Mahamane Maïga, a retenu les accusés dans les liens de l’accusation tout en leur refusant le bénéfice des circonstances atténuantes. Pour la Cour, la preuve de vol n’est pas établie chez les autres victimes, à l’exception d’Amadou Doumbia. Après délibérations, la Cour a infligé à chacun des quatre accusés 10 ans de réclusion et 10 ans d’interdiction de séjour au Mali. Elle a également ordonné la confiscation des motos et téléphone retrouvés, ainsi que la destruction du cannabis.
Quant aux intérêts civils, Amadou Doumbia y renonça s’en remettant au bon Dieu.
Adama Bamba
Source: Le 22 Septembre 09/05/2016