Courant juin 2013, Harouna Fanè de retour des champs, fut informé par son épouse Kadiatou Togola, de l’état fébrile de leur unique enfant, pour cause de maladie. Celle-ci exigea que son époux retournât en brousse chercher des plantes médicinales pour soigner l’enfant. Le ton des propos de cette dernière ne manqua pas de mettre son mari en colère. Il protesta vigoureusement et tenta d’agresser son épouse. Celle-ci, pour se défendre, balança le pilon qu’elle tenait dans sa direction lequel pilon atterrit, malheureusement, sur la tête de Harouna Fanè.
Grièvement blessé, Harouna fut conduit à l’hôpital de Sanso où il rendit l’âme.
A la Barre, Kadiatou Togola a déclaré: « J’avais mal aux seins, qui était même enflés. L’enfant ne pouvait pas, dès lors, téter. Résultat : il finit par tomber malade. A son retour des champs, j’ai demandé à mon mari de retourner en brousse cueillir des plantes médicinales pour soigner l’enfant, Harouna s’était immédiatement mis en colère. Au moment où mon mari et ma coépouse s’étaient rués sur moi, en me couvrant de coups, j’ai pris la fuite. Dans ma course, j’ai pris un pilon et je l’ai jeté en direction de ma coépouse, celle-là même qui était à la base de toute la dispute. Malheureusement, le pilon atteignit la tête de Harouna Fanè, indépendamment de ma volonté. Je n’avais pas l’intention de donner la mort ni à mon mari, ni à ma coépouse, seulement j’essayais d’échapper à leurs frappes.»
Le ministère public, représenté par Mamadou Touré, Substitut du Procureur en commune V du district de Bamako, a demandé à la Cour de retenir la culpabilité de Kadiatou Togola conformément aux dispositions de l’article 202 du Code Pénal.
Dans sa plaidoirie, le conseil de l’accusée, Maitre Mamadou Koné a, tout d’abord, indiqué que ces faits sont les effets collatéraux de la polygamie. Avant de souligner que la Kadiatou Togola sachant que son mari n’avait pas les moyens, lui avait tout simplement dit d’amener des plantes médicinales pour traiter l’enfant. Son mari ne s’est, malheureusement, pas exécuté. Kadiatou avait agi pour sauver son enfant.
En se référant à cet agencement des faits, l’avocat a soutenu que l’accusée doit bénéficier des circonstances atténuantes, pour la simple raison qu’elle n’avait pas l’intention de donner la mort à qui que ce soit.
Compte tenu de sa situation actuelle, une malheureuse femme qui a, de surcroit, un bébé malade sur les bras, Me Koné supplia la Cour, d’être clémente à l’égard de l’accusée.
Dans son requisitoire, le ministère public avait requis l’application d’une peine d’un an de prison ferme plus 4 ans avec sursis à l’encontre de Kadiatou Togola.
Dans son verdict, la Cour, présidée par Fodié Touré, a condamné Kadiatou Togola à 5 ans de prison avec sursis.
Adama Bamba