Fort malheureusement, il semblerait bien que les putschs font parties du paysage politique en Afrique subsaharienne, de nombreuses années après les indépendances.
Les cas du Mali et de la Guinée prouvent à suffisance que la scène politique est très souvent prise en otage par une certaine majorité qui devient par la force des choses l’élite du pays.
Autour du chef d’Etat se forme donc une sorte de Cour qui illusionne à ses yeux un sentiment de toute-puissance.
Résultat, des putschs à n’en pas finir, de fragiles acquis aussitôt perdus, et surtout, la priorité des priorités occultée par le tintamarre des querelles politiques post-coup d’Etat.
Il s’agit d’une fin loin d’être glorieuse pour celui qui se présentait comme le Mandela guinéen.
Après avoir passé le plus claire de sa vie entre luttes nationalistes et démocratiques, celui qui accéda au pouvoir à l’âge de 72 ans, n’aura finalement pas été à la hauteur des idéaux qu’il défendit.
Selon nombre de ses détracteurs, comment peut-on combattre tout au long de sa vie pour la démocratie et, une fois arrivé au pouvoir et d’y avoir passé deux mandats, s’adonner à une modification de la Constitution dans le but de s’y maintenir ?
Selon nombre de guinéens, c’est tout simplement parce que le combat d’Alpha Condé était aussi et surtout pour assouvir une ambition personnelle, devenir président de la République de la Guinée.
Car oui, la Guinée mais aussi le Mali, et nombres de pays africains ont certes besoin de croissance économique avec une bonne distribution des richesses à la population.
Mais, il échappe souvent à la vigilance de beaucoup que pour atteindre un tel objectif, les pays doivent se doter d’institutions politico-institutionnelles fortes.
Ce qui est gage de stabilité sur tous les plans, et donc, de bonne augure pour toute croissance profitable aux populations. Force est de reconnaitre que nos pays, des décennies après les indépendances, titubent encore dans l’entrée du vestibule des pays stables politiquement.
A qui la faute ?
Surement à ceux qui portent l’étiquette d’acteurs politiques sans oublier bien évidemment les chefs d’Etat.
Au grand désarroi des populations locales, l’élégance politique est un trait de caractère rare chez nos politiques.
Cette capacité de juste s’en aller en tournant dos à ses ambitions personnelles pour l’intérêt général de la Nation.
Dans le cas de la Guinée, le professeur Alpha Condé pouvait être un exemple en ne violant pas la sacralité de la Constitution et en s’en allant.
Il aurait créé un premier cas d’école et surtout un bon exemple à suivre dans un contexte où les chefs d’Etat ont tendance à tout faire pour se maintenir au pouvoir.
Qui dit élégance politique dit aussi maturité politique.
C’est le cas notamment au Mali où une certaine classe politique n’hésita pas à surfer sur la vague des indignations et des frustrations du moment pour faire éjecter du pouvoir le président IBK qui aura failli à être à la hauteur des défis que l’on pensait qu’il relèverait avec brio.
D’autant plus que moins de deux ans auparavant, elle avait l’occasion de faire chuter le président de manière fort légale tout simplement en réalisant une large coalition pour former un front politique commun.
Leur démarche était d’autant immature qu’il semblait nourrir l’espoir secret d’un coup d’Etat afin justement de s’emparer du pouvoir et des privilèges qui s’en suit.
Quant à IBK, il aurait peut-être fait mieux lui aussi de ne pas se présenter comme candidat à la présidentielle en 2018.
Par cet acte, il aurait renvoyé les acteurs politiques à leurs propres responsabilités.
Pour la priorité des priorités, à savoir trouver le bon modèle politique qui correspond au pays, elle est à chaque fois occultée, beaucoup plus sciemment que par méconnaissance.
Un sursaut de la société civile est plus que nécessaire à défaut de l’arrivée un jour d’un président visionnaire.
Ahmed M. Thiam