Je l’ai connue petite, elle avait à peine 5 ans. Très mignonne déjà à l’époque, malgré ses dents noircies par la carie et assorties à son teint ébène. Pendant des années, je l’ai sensibilisée, sur sa peau, ses cheveux et l’ai surnommée «Fimanin kalé kalé» (Noire Etincelante), «Diamant noir»…
Aujourd’hui, elle a grandi. Je l’ai malheureusement vue changer de couleur et j’ai pensé au début que c’était par inadvertance. Je lui ai alors conseillé de n’utiliser ni le savon ni les crèmes et huiles pour le corps de ses sœurs aînées déjà contaminées (dépigmentées) !
Elle a dit : «Oui tantie» !
Je l’ai revue récemment, elle n’a même pas 20 ans, loin de là. Mais, le «Diamant noir» est devenu une tomate rouge. Sur une photo de nous deux, je défierais quiconque de dire qui est la vieille et qui est la gamine. Et dire qu’il y a plus de 30 ans d’écart entre nous.
Si j’avais eu le soutien de sa maman dans ce combat contre le «massacrage» (on ne peut utiliser massacre qui n’est pas assez fort), elle serait restée ce «Diamant noir» captivant et irrésistible.
Mais c’est vrai que, malgré le fait que je sois indépendante, que l’on me voie parfois à la télé, malgré quelques qualités en tant que femme et qui font même parfois oublier mes multiples défauts, je ne suis pas une référence. Surtout pas avec mon look naturel, la simplicité que je recherche, mes cheveux de bonne négresse et mes tenues en coton teint à l’indigo ou en tissu de la Compagnie malienne de textile (COMATEX).
La même attitude hypocrite est de rigueur, pour tous les sujets sensibles, qui concernent la jeune fille. Et certaines pratiques …
Tiens, je pense à cette tantie qui, toute sa vie, a fait de la sensibilisation dans le cadre de la lutte contre l’excision et qui m’a confié que certaines des femmes avec qui elle travaillait retournaient elles même voir les exciseuses repérées avec leurs propres filles. Et pourtant, il ne fallait pas entendre leurs discours pendant les campagnes d’information et de sensibilisation.
Les filles, quand elles auront grandi, leur demanderont «pourquoi» certainement si elles l’osent. Aussi, un homme qui déclare sa flamme à la fille à qui il ne doit pas, reçoit automatiquement le soutien des femmes, qui préfèrent traiter la victime de pute, d’aguicheuse et je ne sais quoi.
Hypocrisie, quand tu nous tiens !
KKS