Pour le jeune Al Moustapha Touré, l’objectif de sa volte-face au Camp Gbagbo est sans équivoque : «après Dakar, Lomé, je suis à Bamako pour dire la vérité [Ndlr : de l’élection présidentielle ivoirienne]… Ce qui s’est réellement passé.» Il souligne avoir été superviseur d’élection pour le camp Gbagbo dans les régions de Korhogo, Ferkéssédougou et Bouaké. Il assure n’avoir pas encore quitté Laurent Gbagbo mais relève que c’est Alassane Dramane Ouattara qui a gagné l’élection présidentielle ivoirienne au 2ème tour. «Les ivoiriens, a-t-il affirmé, ont exprimé leur volonté en élisant Alassane Dramane Ouattara avec 54,46 %… Aucune décision, même juridique, ne peut être au dessus du peuple». Pourquoi cette sortie d’une personne qui a participé aux différents tentatives de tripatouillage des voix du peuple ivoirien ? «En tant que musulman, je me dois de dire la vérité… Je suis appelé à être jugé par Dieu» s’est-il justifié.
Mais il reconnait que l’argent peut permettre de faire tout. Pour ses aveux, pendant qu’il était encore au cœur de la stratégie Gbagbo, le conférencier qui faisait partie de La Majorité Présidentielle (LMP, l’alliance qui a soutenu le président sortant) a essayé en vain de démotiver le PDCI de Bédié à rallier le camp Ouattara au second tour. «Le 28 novembre à 1 heure du matin [entendez-là le 29 novembre], nous savions qu’Alassane Dramane Ouattara avait remporté les élections au second tour», a souligné Al Moustapha Touré.
Il dit avoir participé avec le camp de la LMP à des manœuvres visant à renverser les résultats au profit de Gbagbo. Dans cette démarche, a-t-il soutenu, ils ont joint le président et le porte-parole de la CEI (commission électorale indépendante), Youssouf Bagayoko et Yacouba Bamba pour demander leur soutien contre des grosses propositions financières. Selon Al Moustapha Touré, le premier a opposé un refus catégorique pendant que le second a répondu qu’il allait réfléchir.
Une autre démarche, dit Touré, était d’empêcher la CEI de proclamer les résultats. Pour la mise en œuvre de cette option, le conférencier dit qu’une marche des jeunes patriotes sur la CEI était préalablement envisagée pour ensuite être abandonnée à son initiative. L’option finale sera, précise-t-il, de mettre à contribution le représentant du camp à la CEI d’empêcher la proclamation pour enfin se rabattre sur le président du conseil constitutionnel qui aurait pris part à une réunion de la LMP de l’après élection.
Seydou Coulibaly 17/01/2011