Le Président de la CEI, Youssouf Bagayoko, qui avait été physiquement empêché de publier les résultats du second tour de cette élection présidentielle et qui aurait même échappé à un enlèvement par des militants de Laurent Gbagbo, a déclaré que le candidat du RHDP, Alassane Dramane Ouattara, a obtenu 2 450 000 voix, soit 54,10% des suffrages, donc vainqueur du second et dernier tour de la présidentielle. Son adversaire et candidat de la majorité présidentielle, Laurent Koudou Guiawily Gbagbo qui, pour sa part, a recueilli 1 900 000 voix, soit 45,9%, s’est autoproclamé Président avec la complicité manifeste du Conseil Constitutionnel dont le président n’est autre qu’un de ses plus proches collaborateurs, Paul Yao N’Dre.
Deux présidents pour un fauteuil ?
L’annonce des résultats, qui n’avait pas pu avoir lieu sur les antennes de la Radio télévision ivoirienne (RTI), a du être diffusée sur les chaînes étrangères. Toute chose qui aura fait monter de quelques crans la colère des partisans du Président sortant, Laurent Gbagbo, notamment le président du Conseil Constitutionnel, Paul Yao N’Dre, qui n’est autre que qu’un proche parent de Gbagbo et mari de la sœur de Simone Ehivet Gbagbo.
Contre toute attente, ce dernier a contesté la validité des résultats proclamés par le président de la CEI (Youssouf Bakayoko) et déclaré que cette institution est dessaisie du dossier électoral, puisqu’elle disposait de 72 heures pour annoncer les résultats du second tour, mais qu’elle n’avait pas pu les livrer au terme de ce délai. « Le délai de 72 heures est indicatif et non conforme au droit », a déclaré Youssouf Bakayoko. L’annonce des résultats par la CEI était obligatoire.
De son coté, Paul Yao N’Dre ignore que ce sont eux, les partisans du candidat Laurent Gbagbo, qui avaient empêché la CEI de travailler librement et de livrer à temps les résultats des élections.
Après moult empêchements et autres entraves occasionnés par eux-mêmes, les partisans de Laurent Gbagbo, notamment Pascal Affi N’Guessan, Paul Yao N’Dre, Paul Bohoun Bouabré, Appiah Kabran, Charles Blé Goudé (pour ne citer qu’eux-ci), font semblant d’ignorer qu’après plus de 8 ans de crise créée par eux-mêmes, la Nation ivoirienne ne cherche aujourd’hui que la paix. A ce jour, en Côte d’Ivoire, il y a deux Présidents : Alassane Dramane Ouattara, vainqueur de la présidentielle, et Laurent Gbagbo, le putschiste. Laurent Gbagbo et ses lieutenants sont aujourd’hui sous la protection de l’armée contrôlée par des soldats qui lui sont restés fidèles. Mais le changement de position qui a le surpris les Ivoiriens, c’est celui du Général de corps d’armée, Philippe Mangouh, qui après des hésitations a finalement choisi de rester fidèle à Laurent Gbagbo, non pas pour servir ce dernier, mais dans le seul but de conserver son poste de Chef d’Etat Major général de l’Armée.
Jusqu’à quand durera le suspense ? Si l’Armée est vraiment républicaine, va-t-elle rester les bras croisés, sans assister les Ivoiriens de nouveau menacés par une éventuelle autre guerre civile ? Des questions qui méritent réflexions. Il faut donc absolument tourner la page de la guerre et faire face à la réconciliation de tous les Ivoiriens.
Et pour ce faire, l’une des conditions sine qua non était l’organisation imminente des élections présidentielles. Ces élections, qui ont finalement eu lieu en deux tours, ont consacré la victoire du candidat du RHDP, Alassane Dramane Ouattara.
Une victoire qui dérange Laurent Gbagbo et ses partisans, indexés par bon nombre d’observateurs comme étant les auteurs des multiples assassinats d’hommes politiques, le charnier de Yopougon, les enlèvements…Autant de faits horribles que le pays a vécus aux tout premiers jours et durant toute la crise.
En décidant d’aller contre la volonté du peuple ivoirien et de choisir librement celui qu’ils désirent à la tête de l’Etat, Laurent Gbagbo et ses partisans ont ainsi placé leurs propres intérêts au-dessus de celles de tous les Ivoiriens, en un mot, au dessus de l’intérêt de la Nation ivoirienne toute entière. D’où ce coup de théâtre inattendu provoqué.
Que craignent Laurent Gbagbo, Affi N’Guessan, Paul Bohoun Bouabré, Paul N’Dre, Simone Ehivet Gbagbo, Charles Blé Goudé, Appiah Kabran, pour ne pas reconnaître la victoire du candidat Ouattara ?
Considérés par tous les observateurs internationaux comme les principaux acteurs des assassinats du Général Robert Gueï, du ministre Emile Boga Doudou, de l’acteur de cinéma, Hamed Camara dit Camara H, des journalistes Guy André Kieffer et Jean Hellène, du charnier de Yopougon, des enlèvements perpétrés partout dans le pays, Laurent Gbagbo et ses lieutenants pensent déjà à ce qui leur pourrait être réservé dès les lendemains de leur départ de la tête de l’Etat ivoirien.
En effet, ils craignent de ne pas finir devant le Tribunal Pénal International et de répondre des chefs d’accusation qui leur seront reprochés. Laurent Gbagbo ne veut pas finir comme Charles Taylor. C’est pourquoi il tient à confisquer le pouvoir, après l’avoir conquis de force en 2000.
Lors de l’élection présidentielle de 2000, les principaux leaders de la classe politique ivoirienne, notamment Henry Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara, avaient été écartés suite aux manœuvres menées par Laurent Gbagbo auprès du Général Robert Gueï. Selon certaines sources, c’est le Général Robert Gueï qui avait gagné la présidentielle de 2000.
Mais Laurent Gbagbo, réputé pour ses soulèvements de foule, avait pu évincer du pouvoir le défunt Général Robert Gueï grâce au concours de la rue et surtout, grâce à une partie de l’Armée, notamment le Général Mathias Doué qui, rappelons-le, a fini par être trahi par Laurent Gbagbo.
Des officiers de l’Armée avec, à leur tête, le Général de corps d’armée, Philippe Mangouh, que l’on qualifiait de dignes fils de la nation, ont finalement changé de camp en décidant de soutenir Laurent Gbagbo contre la volonté du peuple ivoirien.
Le Général Philippe Mangouh, qui a pris les commandements de l’Armée ivoirienne après le limogeage du Général Mathias Doué, aurait changé de cap et de camp. Des radios de rue annonçaient qu’il avait été mis en résidence surveillée par Laurent Gbagbo, mais cette nouvelle n’est plus fiable, puisque ledit général a déclaré que l’armée se rangeait derrière Laurent Gbagbo. Toute décision qui laisse croire que l’armée ivoirienne a failli à son rôle d’armée républicaine. A ce jour, la Côte d’Ivoire paraît de nouveau coupé en deux.
Alassane Dramane Ouattara est le vainqueur de l’élection présidentielle avec 54,1%, et non Laurent Gbagbo qui vient de s’autoproclamer président avec la complicité avérée du Conseil Constitutionnel, dont le président, Paul Yao N’Dre, serait le mari d’une des sœurs de Simone Ehivet Gbagbo.
Le Premier Ministre, Guillaume Kigbafori Soro, a soutenu la thèse de l’ONU -CI. Pour les Nations Unies, l’Union Européenne, l’ONU-CI, les Etats-Unis, la France, la CEDEAO, l’Union Africaine, la RADO, la LIADH, et plusieurs pays occidentaux, Alassane Dramane Ouattara est le vainqueur de l’élection présidentielle de la Côte d’Ivoire. Le Président français, Nicolas Sarkozy, a appelé Laurent Gbagbo à respecter la victoire de Alassane Dramane Ouattara qu’il a félicité. Par ailleurs, le chef de la mission de l’ONU-CI, Choi Young-Jin, a soutenu que ses services ont vérifié tous les procès verbaux, et que c’est Alassane Dramane Ouattara qui a gagné. Il a certifié la victoire la victoire de ce dernier, avant de rejeter les résultats proclamés par le Conseil Constitutionnel.
Contre toute attente, le Conseil Constitutionnel a annulé les résultats de 7 départements du pays, dans le seul but de faire gagner Laurent Gbagbo
Pourquoi le Conseil Constitutionnel s’est-il seulement focalisé sur les résultats des sept départements du nord ? Peut-on parler d’élection avec cette annulation, qui concerne plus de 13% des suffrages exprimés ? Le Conseil Constitutionnel n’a-t-il pas agi dans l’unilatéralisme ? Toutes ces questions démontrent la grande confusion créée par Laurent Gbagbo et ses partisans.
Des sources proches de la capitale économique ivoirienne, il ressort que le Président sortant, Laurent Gbagbo, qui ne voulait pas perdre son fauteuil, avait demandé à certains généraux de l’Armée (notamment le Général de corps d’armée, Philippe Mangouh) de procéder à l’arrestation des leaders de l’opposition, particulièrement : Henry Konan Bédié, Alassane Dramane Ouattara, Albert Mabri Touakeusse, Francis Wodié, Gnamien Konan, Paul Akoto Yao. Les mêmes sources indiquaient dans un premier temps, que les généraux avaient refusé d’obéir aux ordres du candidat malheureux de la majorité présidentielle.
Aux dernières nouvelles, les mêmes officiers ont manifesté leur soutien au le Président autoproclamé, contre la volonté du peuple ivoirien. Ceux que les uns et les autres qualifiaient de dignes fils de Côte d’Ivoire, le sont-ils réellement ? Toute la question est là. Pour conserver son poste à la tête de l’armée ivoirienne, le Général de corps d’armées, Philippe Mangouh, vient de déclarer que l’armée reste derrière le putschiste Laurent Gbagbo.
Les agissements du candidat Laurent Gbagbo de la majorité présidentielle font étaler au grand jour toute sa détermination à confisquer le pouvoir coûte que coûte, vaille que vaille. Aussi, les Nations Unies, le Conseil de Sécurité des Nations Unies, les Etats-Unis d’Amérique, la France et bien d’autres puissances internationales demandent au Président Laurent Gbagbo de respecter le verdict des urnes. Mais l’homme, qui semble s’être bouché les oreilles, ne compte pas céder aussi facilement que l’imaginent certains.
Le chef de l’ONU-CI, Choi Young-Jin, a déclaré que les élections se sont globalement bien déroulées, tout en soutenant que le vainqueur de la présidentielle est Alassane Dramane Ouattara. Le Premier ministre Guillaume K. Soro a également soutenu que le vainqueur de la présidentielle est Alassane Dramane Ouattara.
Le Président élu de la Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara, a reçu les félicitations des Présidents américain Barak Hussein Obama et français, Nicolas Sarkozy, du Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, de l’Union Européenne, de la CEDEAO, de l’Union Africaine…Tous ont appelé Laurent Gbagbo, à respecter le verdict des urnes et la voix des électeurs qui ont porté leur choix sur Alassane Dramane Ouattara, sans grande surprise d’ailleurs.
Un TPI à Accra pour juger les auteurs des crimes de guerre et des assassinats en Côte d’Ivoire ?
Et si le Tribunal Pénal International (TPI) installait un bureau à Accra, au Ghana, pour traquer et juger les auteurs de crimes contre l’humanité commis en République de Côte d’Ivoire entre 2002 et 2010 ?
En tout cas, à l’allure où vont les choses, on pourrait, dans un avenir proche, assister à une telle possibilité car, même après les élections, les tueries continuent toujours à Abidjan. Déjà, à la veille de l’annonce (à l’Hôtel du Golf) des résultats provisoires du second tour de la présidentielle par le président de la CEI (Youssouf Bagayoko), plus de 8 militants du RHDP ont été massacrés à Yopougon.
Malheureusement, la télévision nationale, qui est pourtant la télévision de tous les Ivoiriens, mais qui se trouve sous le contrôle des lieutenants de Laurent Gbagbo, n’en a pas fait cas au cours de ses éditions de journaux parlés. Il est également à signaler que depuis l’arrivée de Laurent Gbagbo au pouvoir, la télévision ivoirienne persiste à ne diffuser que des messages qui plaisent à « l’homme fort du régime » et à ses partisans, foulant du coup au pied toutes les règles de la communication et piétinant l’éthique et la déontologie de la presse.
Les accords signés çà et là par les leaders ivoiriens, dont Laurent Gbagbo, sont restés sans suite. Les Nations Unies vont-elles accepter que les 300 millions de dollars qu’elles ont investis pour organiser la présidentielle soient jetés par les fenêtres ?
Il appartient à l’opinion internationale, notamment les Nations Unies, l’Union Européenne, les Etats-Unis, la France (entre autres) d’apporter leur concours à la Côte d’Ivoire et de faire en sorte qu’il n’y ait pas une nouvelle situation de guerre, voire une nouvelle division du pays. Le Président du « pays des hommes intègres » et non moins médiateur de la crise ivoirienne, Blaise Compaoré, devrait encore prendre son bâton de pèlerin pour ramener Laurent Gbagbo à la raison. D’ailleurs, il faut et faudra bien que Laurent Gbagbo et ses lieutenants sachent raison garder. Par ailleurs, les populations des pays voisins de la Côte d’Ivoire veulent la paix en Côte d’Ivoire, car la survie de leurs économies dépende beaucoup de la Côte d’Ivoire. S’il y a donc la paix en Côte d’Ivoire, il va de soi, qu’il y aura de la tranquillité chez ses voisins que nous sommes.
Par Zhao Ahmed A. Bamba
Le Coq 06/12/2010