Côte d’Ivoire : L’après Gbagbo en préparation


Les avancées notables se réfèrent certainement à la demande de cessez-le feu initiée par des officiers  supérieurs proches de Gbagbo dont le Général  Philippe Mangou. Un  cessez-le feu obtenu dans l’après-midi du mardi mais malgré, semble t-il,  la réticence de Guillaume Soro qui redoutait une manœuvre de son ancien patron. En effet, peu de temps après l’acceptation du cessez-le feu par Alassane Ouattara avec la facilitation de l’Onuci, Laurent Gbagbo déclare sur la chaîne française Lci qu’il ne reconnaîtra jamais la victoire de Alassane Ouattara. Il y maintient  également que seul le recomptage des voix permettrait à son pays de sortir de la crise qui a fait, selon les organisations humanitaires, près de deux mille morts et un million de déplacés.

Reconstruire la Côte d’Ivoire

Satisfaction dans le camp houphouettiste, découragement dans celui de la « majorité présidentielle » : la Côte d’Ivoire s’apprête, en effet, à tourner la page Gbagbo. Mais les défis sont énormes pour Alassane Ouattara. Plusieurs analystes estiment que la Côte d’Ivoire est devenue encore plus difficile à gouverner à cause des dérapages de la crise postélectorale.

Le pays est encore plus divisé aujourd’hui qu’il y a dix ans. Pour d’autres cependant, le rassemblement houphouettiste « une coalition trans-région et trans-ethnie » est une chance pour Alassane Ouattara, pourvu que ça dure. Le président élu a rappelé récemment son engagement pour un gouvernement d’union nationale susceptible pour accélérer la reconstruction du pays. Car au plan économique, la Côte d’Ivoire n’est pas au mieux de sa forme. Dix ans de crise avaient fortement entamé son taux de croissance économique alors que la population, elle, a continué de croître. Depuis décembre dernier, en représailles contre l’usurpation du pouvoir par le clan Gbagbo, le pays connaît de nouvelles difficultés. Le secteur bancaire est grippé.

Le port, source de revenus important pour le Trésor public, est sous embargo. La commercialisation du cacao dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial est perturbée par les difficultés de transport et les tensions de trésorerie. Dans son programme, Ouattara avait prévu un plan de relance et d’avancement économique de la Côte d’Ivoire, se chiffrant à plusieurs milliers de milliards de FCFA. Il aura besoin, pour ce faire, d’une aide massive et exceptionnelle. La France a promis d’intervenir dans ce sens. Il y a peu de doute que les autres pays occidentaux ainsi que les institutions multilatérales vont adhérer à ce plan « Marshall » pour un pays stratégiquement important au bien-être et à la sécurité de l’Afrique de l’Ouest.

Adam Thiam

 

Le Républicain 06/04/2011