Cote d’Ivoire/ Conflit entre Pêcheurs Bozos et Agni à Ayamé : La hache de guerre enterrée

Dans la ligne droite du Gouvernement Ivoirien, le Consul Général du Mali, Monsieur
Mamy Coulibaly, à son tour, a effectué une mission de sensibilisation au sein de
la Communauté malienne, il a rencontré les autorités administratives, les chefs
traditionnels de la localité ainsi que la communauté malienne. Sa visite du chef
traditionnel Agni à domicile, a contribué à calmer les esprits. En effet, le Ministre
Kouassi Adjoumani est arrivé le vendredi 13 Janvier dernier à Ayamé pour rencontrer
toutes les parties impliquées dans le conflit qui oppose les pêcheurs autochtones
et allogènes Bozos. Cette rencontre s’est déroulée dans la cour de l’Hôtel de ville
d’ayamé, en présence d’une foule nombreuse, où il a délivré un message de paix et
d’entente entre les différents acteurs, en affirmant que conformément à la politique
prônée par le Président Alassane Ouattara qui est le « vivre ensemble », toutes les
communautés sont condamnées à s’accepter pour une meilleure cohésion sociale
entre population autochtone, allochtone et allogène.

Aux Chefs traditionnels et aux jeunes pêcheurs Agni, présents en grand nombre, le
Ministre Adjoumani, a dit, lors de son intervention, que le lac ne doit pas être un
facteur de division entre jeunes pêcheurs Agni et leurs frères Bozos venus du Mali,
mais au contraire, un trait d’union, comme il en a toujours été par le passé.Tout en
évoquant la grande inquiétude du Gouvernement de voir la situation se dégrader à
Ayamé, il annonça l’entrée en vigueur de nouvelles mesures prises par son
Département pour règlementer la pêche dans le lac Bia. « Tous les pêcheurs, aussi
bien autochtones qu’allogènes doivent se conformer à cette nouvelle règlementation.
Il n’est pas question de chasser qui que ce soit du lac… », Avait-il martelé. Parmi ces
mesures citées par le Ministre, figurent en bonne place, l’identification de chaque
pêcheur en activité sur le lac, l’immatriculation des embarcations, l’instauration du
permis de pêche pour tout le monde, la mise en place d’un service de surveillance
du lac à qui, chaque pêcheur doit déclarer ses prises et faire contrôler ses engins de
pêche, etc..

Dans la droite ligne de la politique d’apaisement prônée par le Gouvernement
ivoirien, le Consul Général du Mali à Abidjan, Monsieur Mamy Coulibaly a lui aussi
effectué le déplacement d’Ayamé le Mardi 17 Janvier 2012, pour se rendre compte
de la situation auprès des autorités administratives, Chefs traditionnels et rencontrer
ses compatriotes pêcheurs. Au cours de cette visite, il a prodigué beaucoup de
conseils aux Maliens en leur demandant une bonne cohabitation avec leurs frères
Agni. Tout en remerciant les autorités administratives et coutumières qui se sont
impliquées dans le règlement pacifique de ce conflit, qu’il a d’ailleurs mis sur le
coup des incompréhensions entre des frères qui ont toujours su cohabiter en bonne

intelligence depuis des décennies. Cependant, le diplomate s’est montré ferme à
l’égard des nôtres qui ont une obligation de se soumettre aux lois et règlements en
vigueur dans le pays accueil, la Cote d’Ivoire qui est une terre d’hospitalité pour tous
les pays de la sous région. « Vous devez apporter votre contribution à la dynamique
de paix et de réconciliation dans laquelle le pays est engagé. Respectez les lois
et l’ordre public à Ayamé ; si vous ne le faites pas, personne ne vous suivra sur le
chemin de la perdition.

Je demande aux Chefs traditionnels d’accepter les excuses et le pardon de nos
compatriotes pour les fautes commises. Le gouvernement malien, à travers ma
personne demande pardon à la population d’Ayamé », a dit Monsieur le Consul
Général à l’endroit des autorités administratives et coutumières d’Ayamé présents
dans la salle. Le Consul Général leur a, par ailleurs, confié nos compatriotes
maliens, tout en demandant de les accepter, surtout de le tenir au courant de tous
les agissements de ses ressortissants qui vont à l’encontre des règles établies. Il a
beaucoup insisté auprès de nos compatriotes sur le strict respect des mesures
arrêtées par le gouvernement ivoirien pour règlementer la pêche. « Si vous
respectez ces mesures, vous allez nous faciliter à tous la tâche, dans le cas
contraire, vous les compliquerez et ce sera une situation fâcheuse pour tout le
monde », a-t-il conclu.

Une visite chez le Chef traditionnel d’Ayamé a constitué le clou du déplacement du
Diplomate Malien. Au domicile de l’autorité coutumière, le chef Gnou Behira, le
Consul Général mettra l’accent sur la légendaire hospitalité ivoirienne pour qualifier
l’accueil dont il a été l’objet lors de cette visite dans le Royaume du Sanwi, depuis
Aboisso jusqu’Ayamé. Lors de cette rencontre, le Chef des Agni d’Ayamé a situé
l’arrivée des premiers Bozos dans la cité, vers la fin des années 1950. Cette visite
très appréciée par le premier responsable traditionnel de la ville, a une fois de plus
donné l’occasion au Consul Général de demander pardon au nom de ses
compatriotes, à la population d’Ayamé pour les fautes commises par les pêcheurs
Bozos dans l’exercice de leur métier sur le lac. Satisfait de toute cette marque
d’attention à son égard, le Chef des Agni affirma publiquement devant l’auditoire de
mettre tout en œuvre pour que les frères Bozos et Agni recommencent à vivre en
frère comme le souhaitent les autorités des deux pays. Il a indiqué par la suite
qu’après une telle rencontre, le Consul Général pouvait considérer comme oublié
tout ce qui s’est passé à Ayamé.

Cette mission du Consul Général du Mali à Abidjan faisait suite à une première sortie
effectuée dans les localités de Tiassalé et de Divo, dans la région du Sud Bandama,
où il a véhiculé les mêmes messages à ses compatriotes dont le bien être reste se
principale préoccupation. Dans les deux cités, la visite du Diplomate a été beaucoup
appréciée aussi bien par nos compatriotes que par l’Administration et la chefferie
traditionnelle. Deux mois seulement après sa prise de fonction, les différentes sorties
du Consul Général vers ses compatriotes à l’intérieur du Pays, contribueront à n’en
point douter, à la consolidation des liens fraternels séculaires entre les Maliens et
leurs hôtes.

De Gildas, Correspondant du Républicain à Abidjan

Le Républicain Mali 23/01/2012