Coopération Sino-malienne: Les sociétés Comatex Sa, NSukala et Sukala se meurent

La COMATEX S.A. est fermée. 50.000 tonnes de sucre invendues jonchent sous la pluie dans la cour NSukala. Au même moment Sukala plie sous le poids de 30.000 tonnes de sucre invendues. Conséquence : les sociétés Comatex Sa, NSukala et Sukala dirigées par les chinois ont mis les clés sous le paillasson. Ce sont près de 20 000 travailleurs qui se verront en chômage et viendront malheureusement grossir du coup le gros contingent de jeunes sans emploi. Les chinois, eux,  ont décidé de rentrer. Pendant ce temps, le ministre du développement industriel, Mohamed Aly Ag IBRAHIM ne semble pas se préoccuper outre mesure de ce drame économique et social, mais plutôt à battre campagne pour l’élection présidentielle.  

Dans le souci de la protection de nos unités industrielles, il a été instauré un système d’écoulement de la production nationale, à la veille du mois très prisé de Ramadan. Ainsi tout commerçant devant importer du sucre étranger devrait d’abord acheter une quantité importante de la production nationale de sucre. Cette mesure semble avoir été oubliée, et faute de l’avoir observée, cette année, plus de 50.000 tonnes de sucres non écoulées jonchent dans la cour de l’entreprise et dans les magasins de la société. L’incidence financière de ce stock non écoulé s’évalue à plus d’une vingtaine de milliards de francs CFA. NSukala se trouve alors en cessation de payement. Pour ne rien arranger de la situation, l’installation de la saison hivernale est une crainte majeure pour l’entreprise. Déjà, la grande pluie du 1er juin a été vécue dans l’amertume par l’entreprise et ses travailleurs. En effet, des tonnes de sucres jonchant dans la cour ont été totalement inondées par les eaux de pluie (voire photos).

De son côté, Sukala ne connait pas un meilleur sort, avec une production invendue de plus de 30.000 tonnes soit plus de 10 milliards de FCFA. Ces situations vécues par les travailleurs de NSukala (Siribala), de Sukala (Dougabougou) et la région de Ségou, comme un drame, la gabegie et la mal gouvernance de ces fleurons de notre industrie, pendant que le ministre du développement industriel, Mohamed Aly Ag Ibrahim croit que l’industrie va bien, qu’elle crée des emplois, et que des reformes entreprises pour la redynamisation du secteur portent fruits. Les usines NSukala et Sukala emploient à elles seules plus 20.000 employés, qui risquent de se retrouver en chômages dès la saison prochaine.  Que dire de Comatex, aujourd’hui fermée et dont le millier d’employés se retrouvent en chômage technique et où les responsables chinois ont démissionné et sont rentrés. Ici, le plan de redressement et de redynamisation tant attendu n’est jamais venu.

Au niveau des nouveaux projets d’investissements chinois dans le secteur de l’Industrie, c’est une inertie totale qui s’est installée. Ainsi les quatre protocoles signés entre notre pays à travers le département du Commerce et de l’Industrie et la Société Chinoise de l’industrie légère pour la coopération technico-économique avec l’étranger (CLETC) en 2015 relatifs à la réalisation d’un programme d’aménagement de zones industrielles, à la mise en place des unités agro-alimentaires de production d’huile d’arachide à Kita, de transformation de manioc  et de production de concentré de tomate en Zone Office du Niger pour plus 100 milliards de FCFA continuent de dormir dans les tiroirs du ministre. Pourtant ceux-ci étaient des projets phares dans le secteur de l’Industrie à travers lesquels le Gouvernement entendait redorer le blason de son bilan. Mieux, il s’agissait de projet phare du Président IBK, à savoir la transformation de produits locaux à travers la mise en place d’unités industriels adéquates, négociées avec les entreprises chinoises, lors de sa visite à Tianjin, une municipalité en Chine. A travers ces projets, la Chine s’était engagé pour la réalisation d’un programme d’aménagements de zones industrielles dans les localités de Mopti d’une superficie de 300 ha, Sikasso (100 ha) Fana (90 ha) Koutiala (100 ha) Commune du Mandé (200 ha) Sanakoroba (200 ha) Koulikoro (45 ha) et Ouélessébougou (40 ha). Ce programme impliquant l’AZI-SA, doit se traduire par des travaux de vitalisation (bitumage, électrification, caniveaux…) à des conditions très avantageuses. Ce qui doit permettre à notre pays de se doter de zones industrielles propices à la promotion d’un secteur industriel pour soutenir le développement. Les trois autres protocoles d’accord devrait permettre la mise en place d’une usine de production d’huile d’arachide à Kita (avec une capacité de 30 000 tonnes par an, pour un coût de près de 30 milliards de FCFA), la mise en place dans la zone Office du Niger d’une usine de transformation de manioc en alcool (10 millions de litres par an) en amidon pour la consommation, en papier, en emballage biodégradable et en vêtement pour également une trentaine de milliards de FCFA d’investissements. De même que la construction d’une usine de transformation de tomate. Ces importants projets, de même que la restructuration de l’usine de thé de Farako ou même de l’Huicoma, ne semblent guère préoccuper le ministre dit du Développement industriel.

Cette situation inconfortable peut engendrer des conséquences certaines dans l’exemplarité de la coopération que notre pays entretient avec la Chine, du moins pour ce qui concerne l’engagement des entreprises chinoises dans notre pays. Il faut prendre en compte le rétablissement de la coopération sino-burkinabé qui, aux dires des responsables chinois, connaitra dans les semaines à venir une vigueur sans précédent. Et l’intensité de l’engagement chinois vers ce pays voisin, connu pour son pragmatisme, pourrait résulter une dynamique économique et sociale intérieure. Déjà, des annonces d’engagement des entrepreneurs et investisseurs chinois en faveur du pays des hommes intègres doit inspirer le Gouvernement à réfléchir à deux fois, puisque le développement économique qui reconfigure radicalement nos relations avec la Chine connait indéniablement un froid aujourd’hui. Pire, la vie économique de la 4ème région (Ségou) qui rimait avec la vitalité des trois entreprises, connait une morosité sans précédent. Quand on  sait que ces entreprises sont les premiers employeurs de Ségou, pas difficile de deviner les conséquences incalculables sur les populations. En entendant que la pluie ne finit de dissoudre ces tonnes de sucre jonchant dans les cours des entreprises, le ministre Mohamed Aly Ag IBRAHIM, la primature et la présidence sont désormais occupés à battre campagne avant la lettre.

A suivre …

Dansira S.M. DEMBELE (Source : Le Républicain)