En attendant une authentification par les services compétents, la conversation téléphonique attribuée à l’ancien Premier ministre, Boubou Cissé et le Président Alassane Dramane Ouattara fait le tour des réseaux sociaux depuis le vendredi dernier. Dans l’audio diffusé, deux hommes parlent de la situation du Mali : les effets des sanctions de la CEDEAO (hausse des prix des produits), des autorités de la transition ainsi que de la Russie. Apparemment, ils donnent l’impression de se réjouir de notre situation. Et leur sentence est sans équivoque : La transition ne tiendra que pendant deux petites semaines. En attendant des preuves sur cette conversation qu’il aurait eue avec ADO, Boubou Cissé est à nouveau au centre d’un scandale après son inculpation en décembre 2020 pour tentative de déstabilisation des institutions de la transition.
Au-delà du buzz et autres commentaires, cette conversation téléphonique provoque colère et indignation au sein d’une opinion malienne très remontée contre les deux hommes (ADO et Boubou) soupçonnés de comploter contre le Mali et ses dirigeants. L’ire des maliens est surtout orienté sur l’ancien Premier ministre accusé de composer avec l’extérieur dans le but d’écourter la transition. Une transition qui est dans la mire des dirigeants de la CEDEAO qui le 9 janvier 2022, ont décidé de prendre une série de sanctions contre le Mali.
En effet, sous la houlette de Alassane Dramane Ouattara, l’organisation sous-régionale a décidé pêle-mêle les mesures suivantes contre notre pays : Fermeture des frontières, gel des avoirs, rappel des ambassadeurs…
Ces sanctions ont choqué l’opinion publique malienne et africaine. Aujourd’hui encore des voix s’élèvent partout pour dénoncer l’acharnement de la CEDEAO contre le Mali et ses dirigeants.
Dès lors des questions sont posées ici et ailleurs : S’agit-il de sanctionner un coup d’Etat militaire ? La CEDEAO est-elle devenue une marionnette aux mains de la France via Abidjan ? Que cache l’agitation des dirigeants de cette organisation à l’endroit du Mali ? Macron et les dirigeants français, par le truchement de la CEDEAO, veulent-ils installer un homme paille à Koulouba ? ADO et ses compagnons ont-ils un agenda caché pour le Mali ? Le coup d’Etat perpétré en août 2020 au Mali est-il différent des putschs intervenus en Guinée et au Burkina Faso ?
En attendant des réponses à ces questions, la situation au Mali focalise toutes les attentions à travers l’Afrique et le reste du monde.
Et le peuple malien en ce temps de fortes turbulences pour le pays (insécurité, crise économique, pandémie de la Covid et… sanctions de l’organisation sous-régionale) compte ses alliés et ennemis. Les peuples ont de la mémoire dit-on. Et l’intime conviction de nombreux maliens est déjà établie : leur malheur à l’extérieur vient d’Alassane Dramane Ouattara.
En effet, le président ivoirien lors du soulèvement populaire de juin 2020, contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta, s’était particulièrement fait remarquer par ses prises de positions contre le Mali. Pour certains, ADO aurait tout tenté pour torpiller le soulèvement populaire qui s’est finalement couronné le 18 août 2020 par le renversement du régime d’IBK.
Dès lors, l’acharnement du dirigeant ivoirien envers le Mali et la junte n’aura point de limite. Récemment la détérioration des relations entre Emmanuel Macron et les autorités maliennes est venue s’ajouter à des relations déjà tendues entre Abidjan et Bamako.
Aujourd’hui, le Président Ouattara, en plus des critiques acerbes, est fortement soupçonné de se mettre au service d’Emmanuel Macron et de « travailler » à la déstabilisation du pouvoir du régime d’Assimi Goïta.
Alors question : Boubou Cissé, ancien Premier ministre d’Ibrahim Boubacar Keïta, est-il également en mission de la France par le truchement d’ADO ? Boubou est-il dans une logique de comploter contre son propre pays en vue de se hisser au pouvoir ?… ce sont là, entre autres questions entendues à travers la capitale.
Cependant, une frange importante de Maliens, à l’écoute de la conversation téléphonique, a déjà tranché. En effet, pour eux, il n’y a aucun doute : Boubou a choisi son camp, celui de… l’ennemi. Un jugement certes prématuré mais qui écorne sérieusement l’image d’un homme qui ambitionne de briguer la Magistrature suprême dans les mois à venir.
Et le fait de se retrouver à l’exil (forcé) depuis des mois n’arrange nullement les affaires de Boubou Cissé malgré les interventions (sur les réseaux sociaux) de certains de ses partisans. Curieusement des barons de l’URD qui ont suivi Boubou dans la dynamique de soutenir sa candidature à la présidentielle restent muets au sujet de cette affaire.
Et les rares voix (inaudibles) des partisans de l’ancien PM qui crient aux montages et aux trucages ne passent point au sein d’une opinion malienne qui a établi sa conviction.
Ailleurs, le passé récent de cet homme ne plaide guère en sa faveur. En effet, Boubou Cissé est perçu comme un des piliers du système destructeur d’IBK. Conséquence, l’ancien Premier ministre est accusé d’avoir contribué au pillage des ressources publiques. Son nom est cité dans certains scandales sulfureux sous le régime défunt.
Après la chute du régime, Boubou Cissé a été impliqué dans une affaire de déstabilisation des institutions. Poursuivi pour atteintes à la sureté intérieure de l’Etat, en décembre 2020, il a été obligé de se cacher pendant de longs mois avant de quitter clandestinement le pays.
En attendant, le parquet de la commune IV a ordonné l’ouverture d’une enquête au sujet de cette conversation téléphonique.
Sambou Diarra
Source : L’Aube