Il y avait là les enfants du Parlement de Bamako et ceux de celui de Sikasso ainsi que d’autres enfants d’organisations diverses de la ville de Sikasso dont Soutoura.
L’entretien de « Tonton Ayouba » (comme ils l’appellent affectueusement) et de ses enfants a porté sur les résultats de l’Etude sur les Connaissances, Attitudes et Pratiques sur les Droits des Enfants et des Femmes (ECAPDEF) au Mali. Celle-ci vise à « permettre à l’UNICEF d’accomplir sa mission d’analyse de la situation des enfants, en vue d’appuyer le plaidoyer politique et de contribuer au renforcement des capacités du ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille », précise le Directeur, A. Gouanlé. Mais aussi et surtout à « permettre l’applicabilité effective des droits de la Femme et de l’Enfant ». A cela s’ajoute un autre objectif : celui de doter le Mali de données en matière de droits de la Femme, de l’Enfant et de la Famille. Sans oublier que l’ECAPDEF vise à « mesurer le niveau de connaissance de la population en matière de droits de la Femme et de l’Enfant », toujours selon M. Ayouba Gouanlé.
Pour le spécialiste en communication de l’Unicef, M. Ismaël Isaac : « Cette étude touche essentiellement les enfants ». Dans la mesure, explique-t-il, où elle entre dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention relative aux Droits de l’Enfant. Il y a l’existence aussi d’autres instruments juridiques comme la Convention relative à toutes les formes de discrimination à l’encontre des femmes.
D’entrée de jeu, M. Ayouba Gouanlé a parlé de l’engagement du Mali en faveur des droits de l’enfant et de la femme. Un engagement qui remonte à l’indépendance de notre pays en 1960. Un engagement donc cinquantenaire et dont l’un des temps forts remonte au Sommet mondial de l’Enfance tenu à New York, en 1989. Notre pays a, en effet, coprésidé ce Sommet qui a élaboré la Convention relative aux droits de l’enfant.
Mais, justement, vingt ans après, où en sommes-nous avec l’applicabilité des conventions ?
Le Directeur national adjoint de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, sur les résultats l’ECAPDEF, a brossé un tableau quand même sombre en la matière. Moins de 5 enfants sur 10 connaissent leurs droits. Seulement 46% des enfants sont informés de leurs droits. Cette proportion s’élève à 22% chez les enfants issus de ménages pauvres et à 61% chez les enfants de milieux très riches. Quand on sait que plus de la moitié des Maliens sont pauvres, il y a lieu de s’inquiéter pour le sort des enfants dans notre pays.
En matière de connaissance de textes juridiques, le tableau, soutient M. Ayouba Gouanlé, n’est guère reluisant. 7,5% des enfants n’ont pas connaissance de l’existence de textes qui régissent leurs droits.
En matière d’attitudes relatives aux droits, les droits qui relèvent des « libertés individuelles sont très mal perçues ».
Ces exemples malheureux ne constituent pourtant que la face visible de l’iceberg vingt ans après l’adoption de la Convention relative aux droits de l’Enfant !
Un minimum dans un pays où les droits de l’Enfant relèvent encore de l’exception ! Allons-nous rester comme ça ? Et pendant combien de temps encore ?
Pour les enfants parlementaires du Mali, qui ont représenté l’ensemble de leurs frères et sœurs, il est hors de question de rester comme ça. Encore moins d’attendre.
Mais que peuvent faire les enfants pour améliorer leurs conditions de vie et leur situation à eux tous ? Les enfants parlementaires, journalistes et autres leaders demeurent interpellés. L’honorable Boncana Maïga, président du Parlement des enfants du Mali et ses collègues en sont conscients. Aussi, préparent-ils la grande offensive, leurs capacités encore une fois renforcées à Sikasso. A bon entendeur, salut, ont-ils averti !
Hawa Diallo
Le National 10/01/2011