Tel est, malheureusement, le cas dans notre pays depuis maintenant vingt ans. Le corps social s’est effacé, laissant les politiques et des « politicards » user de notre confiance et abuser de notre passivité. Une démarche inacceptable car le devoir de mémoire nous impose de nous rappeler que l’aboutissement de la démocratie au Mali est le résultat de l’engagement de toues les couches socio professionnelles, dont implication était la conséquence de la dégradation du climat social dans notre pays. Le corps social, en particulier les commerçants détaillants, a été l’un des tous premiers à s’être soulevé contre le régime corrompu et dictatorial de Moussa Traoré…..Ils étaient malgré leur manque criard d’organisation les premiers à s’être levés pour la défense de leurs intérêt et ceux, plus globaux, des Maliens. Et ils ont gagné. Le 26 mars a eu lieu. Mais au lieu de continuer de combat, ils se sont effacés ou se sont laissés phagocytés par d’autres, au contraire des syndicalistes qui eux ont saisi l’occasion et ont continué le combat. Ce qui leur a valu, aujourd’hui, respect et crainte.
Opérateurs économiques, mes frères, votre mise en retrait a eu pour résultat le fait de n’être jamais consulté dans l’élaboration des tarifs douaniers ou fiscaux conformément aux réalités du marché. Les taxes et autres tarifs sont parachutés sur nos têtes par des fonctionnaires qui savent par avance leur impossible applicabilité nous obligeant ainsi à les corrompre au détriment de l’Etat.
Un autre corps social fragilisé et regardé avec suspicion ce sont les Islamistes. diabolisés dès les premières heures de la révolution de mars 2011. On ne veut plus entendre parler d’eux, même aujourd’hui, vingt ans après. Pourtant ils ont été en première ligne lors des manifestations qui ont conduit à la reconquête de la liberté des Maliens. Au nom d’une laïcité imposée par l’occident, on leur a presque retiré la parole lors de la conférence nationale arbitrairement, à la seule évocation du nom de Dieu, dans un pays où pourtant les musulmans représentent l’écrasante majorité de la population. Dès lors, au lieu de continuer la lutte sous d’autres formes ils se sont tout simplement retirés, non pas par manque de courage, mais par crainte de ne pas rallumer un feu qui venait à peine d’être éteint.
Aujourd’hui la réalité même leur impose de se mêler de politique pour en extirper tous les avatars, en particulier les mensonges en tous genres.
Il faut évoluer, aller au delà des principes, des dogmes et des piliers, s’intéresser à la conduite des affaires de la cité, participer à la confection des lois et à la prise des décisions. Sinon, comme pour le code de la famille, vous serez obligés de montrer les muscles pour vous faire entendre. Pour cette raison, nous nous devons de prendre exemple sur les frères musulmans d’Egypte et de Tunisie lesquels, malgré les multiples persécutions, diabolisation et entraves politiques, ont su faire entendre leurs voix. Aujourd’hui sur le plan politique, ils sont à la fois sollicités, écoutés et entendus.
Dieu, c’est connu, n’abandonne jamais ceux qui luttent selon sa voie. Dès lors la question essentielle est celle de savoir si, au Mali, nous allons nous inviter ou non aux prochaines élections générales de 2012 pour renouveler la classe dirigeante du pays et avoir un président de la République, des députés et des maires conscients de leurs responsabilités devant Dieu et les hommes.
Moustapha Diakité
Le Républicain 08/04/2011